Pédagogie coopérative et autonomie, quels leviers pour l’efficacité des apprentissages ?

D’après la définition de l’Office Central de la Coopération à l’École (OCCE), « une classe coopérative permet à des élèves d’apprendre en s’entraidant. Ils peuvent s’y exprimer de diverses manières, communiquer avec l’extérieur, conduire des projets en cherchant, se trompant et réussissant. L’enseignant n’est pas la seule source du savoir ».

D’après Célestin Freinet, la pédagogie coopérative est un moyen pour les enseignants de « faire évoluer leur classe vers la démocratie, pour le développement social et humain de tous les enfants ».

En plus de faciliter les rapports entre le maître et les élèves, ces pédagogies permettent aux élèves de rester actifs et de participer à leur propre instruction et à leur propre éducation ; les apprentissages ne sont ainsi plus vécus comme une soumission à l’ordre hiérarchique.

Par quels moyens la pédagogie coopérative permet-elle le développement de l’autonomie des élèves au sein de la classe ?


La pédagogie coopérative a pour objectif de faire grandir les élèves en autonomie, en maturité et en responsabilité. L’un des membres de notre équipe a eu le plaisir d’observer la mise en place d’une pédagogie coopérative dans une classe de cycle 3… nous vous livrons quelques pistes de réflexion sur le sujet !

Au sein de la classe, les prénoms de tous les élèves peuvent être indiqués sur un tableau nommé « les responsabilités ». Chaque élève se voit attribuer un ou deux « métier(s) », qu’il devra effectuer correctement s’il souhaite changer de ceinture de comportement. Un autre affichage, nommé « les droits accordés par ma ceinture de comportement », peut permettre aux élèves de connaître leurs droits et ceux de leurs camarades au sein de la classe. Ils peuvent passer des brevets de tuteur ou d’autocorrection leur permettant de prendre un autre élève qu’il aura choisi en tutorat, et d’être autonome dans la correction des exercices qu’il aura réalisés. De la même manière, un affichage peut indiquer le comportement qu’un élève devra adopter pour obtenir chaque ceinture de comportement.

La mise en place d’un système de ceintures de comportement peut permettre à chaque élève de se sentir à l’aise au sein de sa classe. En début d’année, tous les élèves démarrent avec une ceinture blanche de comportement. Si un élève respecte les devoirs de sa ceinture actuelle et pense être prêt à respecter les devoirs de la ceinture supérieure, il peut alors demander à l’obtenir. Un élève qui n’est pas encore suffisamment « grand », autonome, ne sera donc pas confronté à des devoirs qu’il ne saurait pas assumer. Les droits acquis pas les changements de ceintures motivent les élèves et les poussent à devenir de plus en plus autonomes. Ce système incite donc chaque élève à « grandir » et à devenir plus responsable.

Grâce à ces différents métiers attribués aux élèves et aux ceintures de comportement, chaque élève tient son rôle et fait respecter les règles instaurées dans la classe ; les élèves sont silencieux et se décentrent d’eux-mêmes pour réaliser des actions qui ne gênent pas autrui.

Un système d’entraide entre les élèves (brevet d’aide, brevet de tuteur, …) peut être mis en place au sein de la classe de manière à renforcer l’esprit de solidarité entre élèves et à souder le groupe classe.

De la même manière, un système de ceintures de niveaux peut permettre à chaque élève de se sentir à sa place dans la classe et de favoriser son autonomie dans les apprentissages, développant ainsi sa motivation et son implication dans le travail.

Concernant la sécurité dans la classe, l’accent mis sur le dialogue entre élèves et entre les élèves et l’enseignant peut permettre de prévenir les conflits et de diminuer la compétition au sein de la classe. Le contexte de la classe est alors propice aux échanges, au respect et à l’entraide entre pairs. Dans le meilleur des cas, un effectif limité de la classe favorise l’adaptation de la pédagogie de l’enseignant à chaque élève, et l’entretien de leur motivation.

Une disposition des tables en îlots peut permettre à l’enseignant de mettre en place des activités de coopération et aux élèves de se déplacer, de parler et d’organiser des travaux à plusieurs. Les conditions sont donc optimales pour développer l’entraide et la cohésion entre les élèves de la classe.

L’expression et la libre prise de parole par les enfants, permettant de faire émerger de nouveaux projets, est favorisée par des temps aménagés chaque semaine. Lors de conseils de classe hebdomadaires regroupant l’enseignant et tous ses élèves, l’occasion est donnée à chaque élève de s’exprimer en félicitant ou critiquant ses camarades ou son enseignant, d’exposer ses problèmes et de proposer des idées nouvelles par le biais d’un tableau à triple entrée. Dans celui-ci, chaque élève inscrit son prénom dans la rubrique correspondant au sujet qu’il souhaite aborder (je félicite, j’ai un problème ou je propose). Un élève dont le métier est « directeur de conseil de classe » aura pour tâche d’animer le conseil. Chaque élève s’étant inscrit sur le tableau prendra la parole pour s’exprimer. Si un problème doit être résolu, les élèves de la classe émettront des propositions avant que celles-ci ne soient votées à main levée. Le directeur de conseil notera chaque résultat de vote sur un cahier prévu à cet effet. Ces conseils de classe, les temps de présentation d’objets apportés à l’école ou encore d’articles de presse peuvent permettre aux élèves de trouver leur place au sein de la classe, d’apprendre à s’exprimer et à écouter les autres. Les élèves sentent ainsi qu’ils font partie intégrante du groupe classe.

Les pédagogies coopératives contribuent fortement à l’entretien d’un climat scolaire positif au sein de la classe. Le climat scolaire concerne tous les membres de la communauté éducative, et contribue à la construction du bien-être et du bien vivre-ensemble des élèves et du personnel de l’école. La recherche scientifique a prouvé les effet d’un climat scolaire positif sur la réussite scolaire des élèves, la baisse des inégalités scolaires et la baisse de la violence dans les écoles. Agir sur le climat scolaire, c’est donc agir sur les stratégies pédagogiques mises en œuvre dans l’école et favoriser l’engagement et la motivation des élèves. C’est également établir des règles et un cadre explicite dans l’école, en plus de prévenir et de lutter contre les violences et le harcèlement.

Ex M1

4 thoughts on “Pédagogie coopérative et autonomie, quels leviers pour l’efficacité des apprentissages ?

  1. Andrea Guillot

    Votre article est très intéressant !
    J’ai juste une petite question concernant le « système de la ceinture de comportement » : c’est un système qui permet à l’élève de faire plus attention à son comportement ou bien de se situer sur ses apprentissages ?

    Merci !

    • Noémie Lerin

      Bonjour, tout d’abord merci de ton commentaire, pour te répondre les ceintures de comportement ont pour but de situer les élèves dans leurs comportements. Elles permettent également aux élèves d’accéder à des « métiers » à plus grandes responsabilités, c’est à dire que plus ils avancent dans leur ceinture de comportement et plus ils acquièrent des responsabilités.
      On espère que c’est assez clair, n’hésite pas à redemander si besoin !

  2. François Gauttier

    Super intéressant votre article.

    Connaissez-vous d’autres dispositifs que les tables en îlots pour permettent une coopération?
    Merci

    • Noémie Lerin

      Bonjour, merci beaucoup pour ton commentaire !
      Le dispositif des tables en îlots n’est pas la seule modalité, les tables peuvent être mises en T, ou en U, mais l’intérêt des îlots est de regrouper les espaces personnels de travail afin de favoriser l’interaction et donc la coopération entre élèves.
      On peut également diviser la classe en zones d’activités vers lesquelles les élèves sont dirigés en fonction de leurs apprentissages.
      La pédagogie coopérative est très modulable, c’est à chacun de s’organiser comme il le souhaite, chacune ayant des intérêts.

Laisser un commentaire