L’inclusion des élèves porteurs d’autisme avec le programme teacch

bureaux teacch

Quelle histoire du handicap dans l’école Française?

La scolarisation des enfants en situation de handicap en France a vécu une histoire longue et semée d’embûches. On pourrait commencer cet historique aux lois Jules Ferry de 1881. On pourrait également faire un état des lieux de la place accordée au handicap en France depuis que les archives le permettent. Il est cependant plus pertinent de noter ici que c’est réellement en 1975 que s’opère un tournant dans la place faite au handicap à l’école, avec la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées, portée alors par Simone Veil, ministre de la santé. La définition du handicap évolue et le regard porté sur les personnes porteuses de handicap également.

Entre 1989 et le début des années 2000, d’autres lois se succèdent et la scolarisation des enfants porteurs de handicap augmente sensiblement.

C ‘est cependant la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui va marquer un tournant dans la scolarisation des enfants porteurs de handicap. Cette loi élargit celle de 1975 et rend obligatoire le fait d’assurer à un enfant en situation de handicap la scolarisation en milieu ordinaire au plus près de son domicile ainsi que de garantir une continuité dans le parcours scolaire.

Les lois du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’école de la République et celle du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance renforcent cette affirmation et se penchent davantage sur la qualité de la scolarisation et la coopération des acteurs entourant les enfants.

On voit alors qu’en 25 ans, la France est passée d’un concept d’intégration scolaire (où l’enfant porteur de handicap doit s’adapter à ce qui est proposé à toute la classe) à celui d’inclusion scolaire (où tout doit être mis en place pour favoriser la meilleure scolarisation possible. C’est le système scolaire qui doit s’adapter).

De l’intégration à l’inclusion
https://www.bloghoptoys.fr/inclusion

L’autisme à l’école

L’autisme n’est pas synonyme de génie. Les enfants autistes sont avant tout des enfants. Certains sont surdoués, d’autres sont ordinaires, d’autres encore peuvent avoir un retard mental

infographie autisme / www.bloghoptoys.fr

L’autisme est un trouble neuro-développemental impactant les interactions sociales, la communication (verbale et non-verbale) ainsi que les comportements (ils peuvent être répétitifs et accompagnés d’intérêts restreints). Ce trouble engendre des difficultés mais engendre également des particularités que d’autres enfants n’auraient pas et sur lesquelles il est essentiel de s’appuyer. Il sera par exemple primordial de s’appuyer sur les capacités visuelles des élèves autistes et de diminuer au maximum les informations verbales, très fatigantes à assimiler.

Voici les caractéristiques que pourraient présenter un enfant autiste dans une classe :

  • Difficultés de concentration dues aux bruits environnants (discussions entre élèves, bruits extérieurs à la classe, bruits occasionnés par le matériel scolaire etc.)
  • Difficultés de concentration dues aux stimulations visuelles (nombreux affichages en classe, mouvements des élèves autour de l’enfant etc.)
  • Comportements répétitifs (l’élève peut jouer avec le même objet sans s’arrêter, peut avoir des mouvements corporels répétitifs etc.)
  • Difficultés à supporter les changements d’emploi du temps non prévus à l’avance (y compris des sorties scolaires)
  • Difficultés à suivre les séances comme les autres élèves (du fait notamment de la trop grande quantité d’informations verbales à assimiler et du peu de supports visuels proposer)
  • Hyper-sensibilités ou Hypo-sensibilités visuelles, gustatives, olfactives, auditives ou encore tactiles.

L’inclusion des élèves porteurs d’autisme est en augmentation depuis les années 90 mais reste insuffisante. Alors qu’ils sont très présents à l’école maternelle, le nombre d’élèves autistes chute à l’école élémentaire ( au profit d’orientations en institutions spécialisées). Ainsi alors qu’en France on compte 600 000 personnes atteintes d’autisme, 80% des enfants porteurs d’autisme ne sont pas scolarisés. L’une des raisons à ce constat reste intrinsèquement lié au manque de connaissance sur l’autisme et à sa prise en charge.

Accueillir un enfant autiste dans sa classe peut prendre des réalités totalement différentes puisqu’il y a autant de personnes autistes que d’autisme : un seul trouble pour des variétés de réalités.

Dès lors, que faire?

Vous avez dit TEACCH?

Le mot « TEACCH » est l’accronyme anglais de : Treatment and Education of Autistic and related Communication handicapped Children (Prise en charge et éducation de l’autisme et des enfants présentant un trouble communicationnel). Cette approche a été élaborée aux Etats-Unis par Eric Schopler dans les années 60. En France, TEACCH s’est développé à partir des années 90, dans les établissements spécialisés puis peu à peu dans les écoles. L’approche TEACCH est une approche développementale qui propose de structurer l’environnement spatio-temporel avec pour objectif :

  • d’améliorer la communication et les apprentissages d’un enfant autiste
  • d’enseigner certaines habiletés telles que le langage, la capacité d’imitation et l’autonomie
  • de faciliter l’inclusion en milieu ordinaire.

Une fois ces constats établis, on peut se demander quels seraient les avantages à mettre en place le programme TEACCH au sein de sa classe. L’avantage premier est de permettre à ces élèves d’être davantage disponibles et centrés sur les apprentissages sans « distractions ». De plus, le programme va permettre de :

• développer un mode visuel de communication

• mettre en place une organisation spatio-temporelle et visuelle de l’environnement;

• mettre en place un enseignement individualisé;

• développer l’autonomie de l’élève.

Mais concrètement?

  • Mettre en place un mode de communication visuel c’est diminuer considérablement l’utilisation de la communication verbale au profit d’outils visuels. L’élève autiste peut alors se concentrer sur l’information visuelle et y revenir autant de fois qu’il lui paraît nécessaire de le faire.
un exemple de règles visuelles
https://www.pinterest.fr/pin/759630662127032379/
  • Mettre en place une organisation visuelle de l’environnement c’est permettre à l’élève autiste de se repérer dans la classe sans se sentir perdu ou avoir sans cesse besoin de l’adulte lui rappelant où il doit aller. L’élève s’appuie alors sur les informations visuelles et devient plus autonome. Cela passe par l’organisation de son espace de travail mais également la structuration du temps à l’aide par exemple de minuteurs.
le time timer
un exemple d’emploi du temps visuel
www.autisme-ressources-lr.fr
  • Mettre en place un enseignement individualisé ne veut pas dire être disponible toute la journée auprès de l’élève. Cela signifie, lui permettre de travailler individuellement, sans avoir besoin de recourir à l’adulte
bureaux teacch
http://www.aba-autisme-france.fr/methode-aba-teacch-pecs/
  • Enfin, développer l’autonomie de l’élève revient à mettre en place tout ce qui vient de précéder. C’est mettre en place une structuration spatiale et temporelle visuelle, permettant à l’enfant de se déplacer en sécurité et en autonomie à l’aide des outils mis en place.
https://aspieconseil.com/tag/teacch/

Présentation du programme TEACHH par Brigitte Cartier Nelles
https://www.youtube.com/watch?v=Hvgnct66pB0

Et pour conclure …

Cet article a fait le choix de présenter un programme visant à soutenir l’autisme parmi tant d’autres existants.

La méthode Teacch fait partie des méthodes dites « comportementalistes ». Elle se centre donc uniquement sur le comportement de l’enfant. D’autres méthodes existent, et certaines, développées principalement au Canada, adoptent une toute autre démarche et considèrent TEACCH comme une méthode ancienne, dépassée ou encore peu adaptée. En France, des professionnels ont découvert récemment TEACCH et témoignent de l’efficacité que le programme a eu dans leur pratique, principalement à l’école, lieu encore peu adapté à l’accueil des enfants autistes.

Il est vrai que le programme TEACCH a montré ses effets. Il n’est cependant pas magique. L’autisme est un handicap, non une maladie: aucune guérison n’est donc envisagée. L’objectif est de permettre à ces enfants de pouvoir être à l’école en se sentant le mieux possible et de permettre aux enseignants de pouvoir les accompagner. Mais TEACCH n’est pas une méthode révolutionnaire et ne se suffit pas à elle seule. Il est essentiel d’être à l’aise avec ce que l’on met en place, d’adapter son action à l’enfant, de réguler au regard de ce qui fonctionne ou non et surtout d’inclure tous les partenaires entourant l’enfant.

Et pour aller plus loin rendez vous sur Teacch France et sur Autisme France

Ex M1

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