Difficultés dans l’apprentissage de la lecture en cycle 2 : comment y remédier par le numérique ?

La difficulté scolaire, notamment en lecture, peut toucher n’importe quel élève au cours de son cursus.

Le cycle 2 est essentiel dans la construction des compétences des futurs lecteurs. ll est donc important de tout mettre en œuvre pour remédier au plus vite aux lacunes littéraires.

L’utilisation du numérique peut alors apparaître comme une aide à l’apprentissage de la lecture pour les élèves qui rencontrent des difficultés. La loi de de Refondation 2013 vise à faire entrer L’École dans l’ère du numérique.

Nous nous intéresserons dans un premier temps à la place du numérique et l’entrée en lecture dans les programmes de cycle 2. Puis nous présenterons les intérêts du numérique dans la remédiation de la difficulté en lecture ainsi que deux logiciels (un porté sur le décodage et l’autre sur la compréhension). Le point sera également fait sur les limites de cette méthode.

La difficulté peut se définir comme un élément qui créer un obstacle ou un problème (définition Larousse). Dans le cadre scolaire, la difficulté est un stade ordinaire dans l’apprentissage de l’élève, elle apparaît lorsque l’élève est confronté à une tâche de recherche ou de découverte. Nous nous intéresserons donc aux difficultés « ordinaires » d’apprentissage et non aux troubles d’apprentissage d’origine neurologique ni aux handicaps.

La lecture et l’écriture étant les fondements de l’apprentissage, notre recherche se concentrera sur les difficultés en lecture et plus précisément celles rencontrées par les élèves de cycle 2.

A la fin du cycle 2, les élèves doivent être capables d’identifier des mots rapidement, de lire et comprendre des textes adaptés à leur âge ainsi que de lire à voix haute avec fluidité un texte d’une demi-page (I.O. 2016). Ce cycle est donc essentiel dans la construction des futurs lecteurs. Il est important de tout mettre en œuvre pour remédier au plus vite aux lacunes littéraires.

Nous nous interrogerons sur le fait de savoir si l’utilisation du numérique peut apparaître comme une solution adéquate pour résoudre les problèmes rencontrés par certains élèves en lecture aussi bien du point de vue décodage mais aussi compréhension.

I. Le numérique et l’entrée en lecture dans les programmes (Cycle 2)

Selon l’article L. 312-9 issu de la Loi de Refondation du 8 juillet 2013, « la formation à l’utilisation des outils et des ressources numériques est dispensée dans les écoles et les établissements d’enseignement ainsi que dans les unités d’enseignement des établissements et services médico-sociaux et des établissements de santé. Elle comporte une sensibilisation aux droits et aux devoirs liés à l’usage de l’internet et des réseaux, dont la protection de la vie privée et le respect de la propriété intellectuelle ».

Dans les programmes de 2016, notamment pour le cycle 2, la discipline informatique et les outils numériques sont largement mis en avant en adéquation avec les différents apprentissages. On retrouve par ailleurs une large utilisation du champ lexical du numérique dans le domaine 2 « Les méthodes et outils pour apprendre ».

Les outils numériques sont clairement conseillés dans l’apprentissage de la lecture, sous l’aspect de jeux ou d’exercices, pour travailler sur le code et l’automatisation de celui-ci. Il s’agit de favoriser l’apprentissage de graphèmes en syllabes, la composition et la décomposition des mots… par le numérique. Il est également préconisé de favoriser le travail de la lecture sur différents supports et notamment des supports numériques.

Socle commun de connaissances, compétences et de culture

Domaine 2 : les méthodes et outils pour apprendre

Les méthodes et outils pour apprendre

Tous les enseignements concourent à développer les compétences méthodologiques pour améliorer l’efficacité des apprentissages et favoriser la réussite de tous les élèves. Savoir apprendre une leçon ou une poésie, utiliser des écrits intermédiaires, relire un texte, une consigne, utiliser des outils de référence, fréquenter des bibliothèques et des centres de documentation pour rechercher de l’information, utiliser l’ordinateur…

En français, extraire des informations d’un texte, d’une ressource documentaire permet de répondre aux interrogations, aux besoins, aux curiosités ; la familiarisation avec quelques logiciels (traitement de texte avec correcteur orthographique, dispositif d’écriture collaborative…) aide à rédiger et à se relire.

En langues vivantes étrangères et régionales, utiliser des supports écrits ou multimédia, papiers ou numériques, culturellement identifiables développe le gout des échanges. Les activités d’écoute et de production se nourrissent des dispositifs et réseaux numériques. Les arts plastiques et l’éducation musicale tirent profit des recherches sur internet dans le cadre du travail sur l’image, de la recherche d’informations pour créer et représenter et de la manipulation d’objets sonores. La fréquentation et l’utilisation régulières des outils numériques au cycle 2, dans tous les enseignements, permet de découvrir les règles de communication numérique et de commencer à en mesurer les limites et les risques.

II- Le numérique au service de la difficulté

L’intérêt d’utiliser le numérique pour remédier aux difficultés de l’apprentissage de la lecture en cycle 2 est qu’il s’agit d’un support ludique (coloré, animé, bande son…)pour l’élève. Ces caractéristiques l’attire et suscitent leur motivation. En effet, de nos jours les enfants sont très familiarisés avec les tablettes ou ordinateurs. Cela peut donc être un regain de motivation pour les élèves envers l’apprentissage et l’augmentation du temps de concentration. Cela permet aussi de réunir en un seul endroit de nombreux documents de travail et de développer les compétences en numérique des élèves. Il devient alors plus facile d’adapter les exercices en fonctions des difficultés de l’élève concerné. Les points travaillés peuvent alors être abordés de différentes manières et donc stimuler l’apprenant.

La lecture elle-même est dédramatisée. L’enfant n’est plus face à un texte imprimé en noir sur une feuille blanche mais va pouvoir observer un texte où les mots sont mis en valeur, où les structures sont décomposées. Il va pouvoir également, la plupart du temps, agir sur le texte en sélectionnant un mot ou une phrase, interroger le logiciel sur la signification d’un mot qu’il ignore et qui le bloque.

Nous avons donc choisi de présenter deux logiciels qui nous paraissent pertinents pour pallier les difficultés de décodage et de compréhension:

Le logiciel éducatif d’apprentissage de la lecture 1000 mots : les élèves prennent conscience de la composition en syllabes des 1000 mots incontournables de la langue française et travaillent leur prononciation. Il est important de préciser que savoir décoder des mots est un prérequis nécessaire pour pouvoir entrer dans la lecture et surtout faciliter la compréhension.

Voici le lien pour télécharger le logiciel 1000 mots

Tacit (« Testing Adaptatif de la Compréhension Implicite de Textes ») est un logiciel, conçu par des enseignants chercheurs de l’université de Rennes 2, qui permet de remédier aux difficultés de compréhension en lecture. Il s’agira de se concentrer sur la compréhension implicite, c’est-à-dire, ce qui n’est pas dit dans les textes, de « combler les blancs » (Umberto Eco). Le but est de pouvoir positionner dans un premier temps les élèves sur une échelle de difficulté puis de travailler par niveau (en groupe ou individuellement).

III. Les limites de la remédiation par le numérique

Cependant, il faut faire attention à ne pas se limiter à la seule utilisation du numérique pour remédier aux difficultés de lecture. En effet, les programmes 2016 soulignent bien le fait que les élèves doivent pouvoir lire sur différents types de supports.

Il faut également citer le fait que les supports numériques se veulent très attractifs par les animations. Tout ces stimuli peuvent être contre-productifs en créant des interférences et donc détourner l’élève de son objectif premier (contraintes cognitives).

Les écrans doivent être utilisés avec parcimonie pour éviter les maux associés tels que les maux de tête, les troubles de la vision ou encore la fatigue visuelle.

Nous pouvons nous demander si le fait d’essayer de remédier aux difficultés dans l’apprentissage de la lecture par le numérique ne peut pas ajouter une difficulté supplémentaire pour des élèves qui ne seraient pas accoutumés à ces nouvelles technologies?

N’oublions pas que la lecture sur des supports comme les livres doit rester un plaisir et une pratique régulière chez les enfants.

L’utilisation du numérique pour l’apprentissage de la lecture est encore trop récente pour déterminer si son utilisation un réel apport pour un élève en difficulté de lecture. Le numérique n’est sans doute pas la solution à tout, l’enseignant reste encore une ressource essentielle dans l’apprentissage.

Pour aller plus loin sur le sujet, n’hésitez pas à écouter l’émission de France Inter « Le Téléphone sonne » du 29 novembre 2016 consacrée au numérique à l’école.