Cyber-harcèlement : le rôle de l’école

Comment apparaît-il à l’école ?

Paradoxe : le cyber-harcèlement ne semble pas prendre racine à l’école. En fait, il n’existe qu’à travers un monde virtuel. Pour autant il a des conséquentes bien réelles sur les enfants qui en sont victimes, et l’école a un rôle important à jouer autour de ce sujet pour plusieurs raisons :

Les enseignants sont de plus en plus nombreux à faire le choix d’utiliser les outils numériques et de l’internet avec des visées pédagogiques. De plus, les élèves, qui grandissent baignés dans cet environnement numérique, y trouvent du sens, s’approprient aisément ces outils, et investissent d’autant plus ces apprentissages. Enfin, parmi les outils utilisés, on retrouve les blogs, la correspondance par email, mais aussi des réseaux sociaux pour enfants ou adaptés pour un usage de classe. Les textes officiels ne restreignent pas ces usages, il sont donc à l’appréciation des enseignants, suivant le principe de la liberté pédagogique.

On peut également noter que les élèves n’attendent pas d’avoir l’âge minimal requis pour l’inscription sur les réseaux sociaux chez eux. En témoigne cette enquête IPSOS :

Inscription réseaux sociauxMais qui aide alors les enfants dans leur découverte des relations virtuelles ? On peut regretter que la mise à disposition d’outils numériques ne soit pas forcément accompagnée à la maison. Les parents sont aussi parfois dépassés par les compétences informatiques de leurs enfants ou insuffisamment informés des risques encourus par ce qui peut apparaître comme de simples discussions entre amis. L’école permet une sensibilisation globale, elle agit auprès de tous les élèves sans distinction.

Elle doit non seulement former ces futurs citoyens à la tolérance, à la discrimination, au harcèlement mais aussi alerter des dangers du cyber-harcèlement.

Pour cela, l’école doit savoir à la fois prévenir et réagir.

© CRÉDIT PHOTO : DR – ORANGE

 

 

 

 

Comment le prévenir ?

En 2013, l’Éducation Nationale a publié un guide de prévention nommé “agir contre le harcèlement à l’école”. Il explique que cette prévention doit se faire :

  • D’abord à l’école, où il convient d’informer et de former le personnel éducatif sur ces problématiques, de sensibiliser les parents aux risques liés à l’usage du numérique et d’encourager les membres de la communauté éducative à signaler toutes les plaintes d’élève sur ce sujet.
  • Ensuite dans la classe, où les professeurs peuvent aborder, dans le cadre des programmes et de l’éducation aux médias et à l’information, le bon usage d’internet et des TIC (technologies de l’information et de la communication).

Par ailleurs, le ministère de l’Éducation Nationale propose depuis 5 ans un concours « non au harcèlement ». A travers ce projet, les élèves sont amenés à produire une vidéo ou une affiche, résultat d’une réflexion approfondie des élèves sur le sujet. Deux exemples :

Comment réagir ?

Lorsque le cyber-harcèlement est décelé, il est impératif que la communauté éducative réagisse. Quelles sont les réactions et solutions apportées par l’école, en particulier l’équipe pédagogique ?

Plusieurs étapes s’articulent dans le traitement du cas de cyber-harcèlement par l’école, parallèlement aux démarches qui peuvent être entreprises par les parents des élèves victimes.

Il est nécessaire que l’établissement :

  • mette en œuvre rapidement des mesures adéquates pour faire cesser les actes de violence, et en informe le procureur de la République

  • convoque l’auteur présumé des faits (s’il est connu et fréquente l’école), engage une procédure disciplinaire à son encontre (sanction allant de l’avertissement à l’exclusion définitive), le responsabilise sur les actes qu’il a commis

  • accompagne les élèves victimes de ce phénomène, et mette éventuellement en place des actes de sensibilisation en retour (ex : faire connaître à leurs élèves le numéro Net Ecoute)

  • informe les parents des moyens dont ces derniers disposent pour protéger leur enfant, et agir de leur côté, puisque l’école ne peut pas les remplacer

  • inscrive ses actions durablement, au sein du projet d’école et du règlement intérieur

Malgré toutes ces mesures, de nombreux exemples de faits sont signalés par les académies. Par exemple, ce témoignage d’un père d’élève de CM2 qui a fait part du harcèlement dont sa fille est victime par des élèves de sa classe :

Après avoir informé l’école de la mise en ligne d’une photo comportant un commentaire insultant sur sa fille, le directeur a découvert qu’un élève avait créé une page Facebook au nom de l’école et qu’il y insérait des articles. La photo publiée a été piratée depuis le compte privé de la classe. Une plainte est déposée par la famille. L’inspecteur de l’éducation nationale a alors rencontré l’élève auteur et son père pour leur rappeler que le harcèlement constitue un délit.

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Pour aller plus loin

https://prezi.com/eseolcj2o_tp/prevention-cyberharcelement-et-emi/

http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/competences/education-aux-medias/sites-pour-eduquer-a-l-internet/aspects-juridiques

Podcast – Journée d’étude « La lutte contre le cyberharcèlement à l’école : quels acteurs et quels dispositifs ? », Université de Lorraine, 28 septembre 2017

Non au cyber-harcèlement: les écoles s’organisent :

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/alsace/non-au-cyber-harcelement-ecoles-s-organisent-1421847.html

 

Ex M1

8 thoughts on “Cyber-harcèlement : le rôle de l’école

  1. Tout d’abord, merci pour le signalement du podcast de la journée d’étude « La lutte contre le cyberharcèlement à l’école ». Votre article est intéressant, mais très axé sur la prévention. Il gagnerait à être enrichi d’un paragraphe sur les dispositifs éducatifs pouvant être mobilisés pour endiguer le phénomène : « éducation à l’empathie », « enseignement moral et civique » (EMC), « éducation aux médias et à l’information » (EMI). Concernant l’EMI, je vous renvoie à l’intervention de Brigitte Simonnot (podcast n°6) mais aussi à une interview de Juliette Filiol, professeure documentaliste en lycée (https://eviolence.hypotheses.org/501). L’éducation à la gestion de son identité numérique mais aussi à ce que Louise Merzeau nommait l' »intelligence des traces » participe également de la lutte contre le cyberharcèlement et la cyberviolence… Bonne continuation !

    • Gwennaig, Elisa, Thomas, Jonathan

      Bonjour Bérengère,
      merci pour le commentaire et les liens fournis.
      Nous avons effectivement prévu de compléter prochainement notre article en nous appuyant sur l’EMI notamment

  2. Bigot Chloé

    Bonjour,
    Quels exemples de sanctions concrètes appliquer à un enfant harceleur afin de le responsabiliser de ces actes commis?

    • Gwennaig, Elisa, Thomas, Jonathan

      L’important n’est pas tant de sanctionner le harceleur que de lui faire prendre conscience des conséquences de ses actes. Il est primordial d’entamer un dialogue avec lui (ou elle). Il faut également prendre contact avec la famille pour s’assurer d’une action conjointe école/famille. Le cyber-harcèlement est le plus souvent réalisé sans la conscience de nuire, il faut avant tout faire comprendre le phénomène.
      Quant à appliquer une sanction, cela dépendra du cadre établi au préalable sur la question dans la classe, dans l’école, et dans la famille. L’application d’une sanction et sa forme sera réfléchie par l’ensemble de ces acteurs.

  3. Guillaume Percher

    Super article! Clair et apportant des informations concrètes! Une question : Savez-vous si le cyber-harcèlement peut être détaché d’un harcèlement IRL ou est plutôt un prolongement de brimades antérieures dans la classe?

    • Gwennaig, Elisa, Thomas, Jonathan

      Bonjour, et merci pour ces commentaires.
      Concernant le rapport entre harcèlement IRL (In The Real Life) et cyber-harcèlement, le lien peut exister mais ce n’est pas systématique. Si l’on considère le cyber-harceleur principal et sa victime, il arrive effectivement que les deux formes co-existent. Mais la particularité du cyber-harcèlement est justement l’absence de la victime devant son bourreau, et l’inconscience des harceleurs « secondaires », ceux qui ne font que liker, du mal engendré par leur geste. Ceux-là sont donc moins susceptibles d’être impliqués dans une forme de harcèlement plus quotidienne. On notera aussi que l’éloignement par l’informatique offre une certaine forme de liberté pour beaucoup d’élèves qui n’oseraient pas ce comportement en face de leur victime.
      Pour conclure sur le sujet, nous dirions donc qu’en cas de détection d’un cas de l’une ou l’autre forme de harcèlement, il est impératif de vérifier si c’est là l’ensemble de la situation, ou si d’autres formes de harcèlement sont subies par la victime.

  4. Lucile Le Boudec

    Bonjour,
    votre article est très intéressant.
    Est-il préférable d’utiliser un réseau social au sein de la classe (par exemple : facebook) ou seulement d’informer les élèves face aux risques sur ce réseau ?

    • Gwennaig, Elisa, Thomas, Jonathan

      Bonjour,
      il est toujours plus intéressant d’instruire que d’interdire. Partant de ce principe, il nous semble que le meilleur moyen d’enseigner un outil et ses usages est d’en avoir une pratique. En effet, celle-ci nourrira les questions des élèves, offrira des situations concrètes indispensables à la compréhension des enjeux liés aux réseaux sociaux. Cependant, nous n’irons pas jusqu’à conseiller précisément facebook ou un autre réseau social, car nous n’avons pas étudié leurs mérites relatifs. Notons tout de même que les plus connus nécessitent légalement d’avoir 13 ans pour les utiliser. Il en existe d’autres, réservés aux enfants, sur lesquels il serait peut-être intéressant de se renseigner.

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