L’école inclusive : une école réellement adaptée à nos élèves à besoins éducatifs particuliers ?
L'école inclusive : une école réellement adaptée à nos élèves à besoins éducatifs particuliers ?
Depuis une dizaine d'années, un nouveau terme est apparu dans les conversations en salle des profs: l'école inclusive. Encensée par les uns, décriée par les autres, cette manière de penser l'éducation ne laisse personne indifférent. Mais quelle réalité se cache sous cette appellation mystérieuse ?L’inclusion, kézako ?
« L'École inclusive vise à assurer une scolarisation de qualité pour tous les élèves de la maternelle au lycée par la prise en compte de leurs singularités et de leurs besoins éducatifs particuliers.»
Eduscol, définition de l'école inclusive
Autrement dit, l'enseignement dispensé à l'école doit prendre en compte les difficultés individuelles et les particularités de chaque élève, celui-ci doit pouvoir être scolarisé et accueilli dans l'établissement scolaire le plus proche de son domicile (établissement scolaire de référence) s'il le désire. C'est donc une école qui prend en compte l’individualité des besoins des élèves. Elle s’inscrit dans l'idéal républicain d’égalité et de fraternité. Elle vise à enseigner aux futurs citoyens le vivre-ensemble et la tolérance par les faits, la mixité entre élèves BEP et élèves ordinaires entraîne des progrès et renforce l'estime de soi chez les premiers, et renforce l’acception des différences chez les seconds.Malgré l'apparente proximité sémantique de ces 2 termes, il faut différencier « inclusion » et « intégration » :
[h5p id="99"] L'intégration signifie que l'élève peut être scolarisé dans un établissement ordinaire, à condition qu'il soit en mesure de s'adapter au cadre de la classe. L'élève intégré est bien souvent présent uniquement à temps partiel dans la classe ordinaire, avec des apprentissages différents. Il subsiste donc une différence de traitement entre les élèves. L'inclusion signifie que tous les élèves travaillent en mixité complète avec leurs camarades sur les mêmes apprentissages (avec une différenciation éventuelle), au sein de la même classe et que c'est l'école qui s’adapte à l'individualité de chaque élève. L'école inclusive, comme son nom l'indique, favorise l'inclusion.L'inclusion, qui est concerné ?
L'école inclusive s'adresse principalement aux enfants à besoins éducatifs particuliers, c'est-à-dire aux élèves qui ont besoins d'un accompagnement et d'une adaptation des enseignements pour réussir à l'école. Ils appartiennent majoritairement aux catégories suivantes :- Élèves à haut potentiel intellectuels
- Élèves allophones et élèves nouvellement arrivés en France
- Élèves atteints d'un handicap (physique, mental ou sensoriel)
- Élèves en difficulté scolaire
- Élèves présentant des troubles de l’apprentissage (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie....)
Que dit la loi ?
Les modalités de l'école inclusive sont définies par les lois de la république : La loi 2005-102 du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances, est la loi à l’origine de l'école inclusive. Elle en définit les principes, régit son fonctionnement et donne les modalités d'accueil des élèves en situation de handicap/à BEP. Elle précise l’aide personnalisée dont ces élèves peuvent bénéficier, au sein des PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) : tiers-temps, matériel spécifique, présence d’une AESH… L'école inclusive trouve également sa source dans le Code de l'éducation : l’article L-111 définit le droit à l'éducation, précisant que l'école républicaine permet à chaque enfant d'apprendre au travers du droit inaliénable d’accéder à la scolarité :« Le service public de l'éducation contribue à l'égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser. Il veille à la scolarisation inclusive de tous les enfants, sans aucune distinction. »Cet article fixe également les obligations du système éducatif français en terme de prise en compte de la difficulté scolaire. Il est écrit noir sur blanc que l’école de la république doit “permettre de façon générale aux élèves en difficulté, quelle qu'en soit l'origine, en particulier de santé, de bénéficier d'actions de soutien individualisé”. La loi n°2019-791 pour une « école de la confiance » statue sur les moyens humains liée à l’accompagnement des élèves en situation de handicap dans le cadre de l'école inclusive,. Elle entérine la création des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL). Le Comité national de suivi de l’école inclusive est un comité chargé de constater les réussites et les échecs du dispositif actuel, afin de lui permettre d'évoluer.
Quelles solutions peut-on apporter pour favoriser l’inclusion de nos enfants ?
Il existe énormément de handicaps différents qu’il est impossible d’énumérer toutes les solutions possibles pour améliorer le quotidien scolaire d’un enfant en fonction de ses besoins. Cependant, compte tenu des difficultés d’ordre émotionnelles, sociale, communicationnelle, de hiérarchisation de l’information et d'adaptation au changement que la plupart d’entre eux rencontrent, l’enseignant doit proposer des solutions adaptées pour favoriser leur apprentissage en classe ordinaire. Les solutions proposées concernent, principalement, la structuration de l’espace de travail de l’élève et la structuration du temps de scolarité de celui-ci. En effet, les particularités cognitives de la plupart des personnes atteintes de handicap exigent un espace de travail qui présente le moins de stimulations extérieures possibles. Nous pouvons également adapter le matériel scolaire (clavier braille, périphériques adaptés, logiciels spécifiques, etc.), proposer un affichage de classe clair et simple, prévoir des casques anti-bruit, mettre à disposition un coin calme pour que l’élève puisse s’isoler, aménager l’espace de classe pour qu’un élève atteint de handicap moteur puisse circuler librement, adapter son emploi du temps, etc. Il faut également permettre à l’élève de gérer son temps de manière autonome et lui laisser le temps d’anticiper les changements et l'enchaînement des activités. Chaque élève en situation de handicap possède un dossier dans lequel se construit un projet personnalisé de scolarisation (PPS) aussi opérationnel que possible en accord avec la maison départementale des personnes handicapées (MDPH). L'analyse des besoins de l'élève en situation de handicap est essentielle pour amorcer une scolarité inclusive. L'école, la famille et l'enseignant référent doivent agir en partenariat. C’est ce dossier qui va déterminer les besoins de l’élève et ainsi quelles solutions devront être mis en place pour améliorer son quotidien et sa scolarité. Le PPS concerne tous les enfants pour lesquels la MDPH s'est prononcée en faveur du handicap et la situation répond à la définition du handicap donnée par la loi de 2005 :« Constitue un handicap, au sens de la présente loi, toute limitation d'activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d'une altération substantielle, durable ou définitive d'une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d'un polyhandicap ou d'un trouble de santé invalidant ».
Ces solutions sont-elles adaptées ?
Certaines solutions sont particulièrement adaptées pour un certain type de handicap :- En cas de troubles de la fonction auditive : privilégier les supports visuels, donner le cours, le lexique et les exercices à l’élève en amont, etc.
- En cas de déficience visuelle : privilégier les supports audios, agrandir les documents, utiliser une police adaptée, travailler certains points à l’oral, allonger son temps de travail, etc.
- En cas de trouble du langage : ne pas forcer la lecture à voix haute ou la pratiquer avec lui dans un coin de la classe, l’accompagner dans sa lecture, proposer une dictée à l’adulte pour certains cas difficiles, proposer des textes à trous lors des dictées, etc.