Le rôle des différents acteurs dans la prévention contre le cyberharcèlement

Le Cyberharcèlement ou  Cyber-Bullying

Qu’est-ce que c’est ?

       Depuis le XIXe siècle le harcèlement fait l’objet de nombreuses études, notamment le harcèlement scolaire. On trouve un terme particulier pour définir le harcèlement scolaire. Il s’agit du School Bullying un terme anglais qui trouve son origine dans la langue néerlandaise. Bully, à l’origine « boele » en néerlandais, qui signifiait à la base « bien-aimée», « camarade » a évolué et signifie désormais «fanfaron», « bravache ». Nicole Catheline, pédopsychiatre et praticien hospitalier, met l’accent sur cette définition dans son article Harcèlement en milieu scolaire, publiée dans la revue Enfance et psy en 2009. En effet, elle met en avant le lien étroit entre « bienveillance »/« insulte » et la relation entre l’agresseur et la victime. C’est par la particularité de la situation et de la relation que la reconnaissance de ces faits seraient compliquées, autant pour les adultes que pour les enfants et adolescents, bien que fortement médiatisé en France.

       Le site Educscol réalisé par le Ministère de l’Education nationale donne une définition du harcèlement ainsi qu’une description qui est la suivante : « Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement. ».

Il donne également 3 caractéristiques du harcèlement scolaire, comme notamment la violence qui est définie par « un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes. », l’isolement de la victime et la répétitivité sur le long terme.

Selon Nicole Catheline, on peut distinguer 3 types d’offenses dans lesquelles on retrouve les exclusions et manipulations. Elle parle par exemple des rumeurs, de l’isolement, des violences physiques et des violences verbales.

Cependant, depuis quelques années un nouveau type de brimade peut être inséré dans celle-ci. Il s’agit du cyber-bullying ou cyberharcèlement soit l’utilisation des nouvelles technologies et plus spécifiquement les réseaux sociaux. Ce harcèlement est particulièrement violent et dévastateur, car il ne s’étend pas seulement au cadre scolaire, mais également au cadre privé. De plus, toutes informations publiées sur internet, notamment celles visant à nuire à une personne, sont accessibles par tous. Cela signifie que le nombre de persécuteurs se voit décupler et, dans la plupart des cas, se compose de parfaits inconnus.

 

Quelques chiffres:

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Améliorer le climat scolaire pour favoriser les échanges et la confiance

Quelles sont les conséquences pour les acteurs du cyberharcèlement ?

Le cyberharcèlement a des conséquences psychiques et sociales qui ne se limitent pas seulement aux victimes mais également aux harceleurs et témoins. Contrairement aux victimes, il est plus difficile d’identifier les signes de souffrance chez les harceleurs: ils sont dissimulés par les actes qu’ils commettent envers les victimes.

Selon un consensus général, le cyberharcèlement aurait des conséquences plus importantes que le harcèlement dit “classique” (ce dernier uniquement limité à l’espace de l’école).  Les cyberviolences ont des répercussions à l’école (dont le climat scolaire) et dans la sphère privée de ces individus.

L’anonymat des harceleurs, la propagation des violences sur la toile internet visible par le plus grand nombre (témoins), la diversité des applications et des moyens de communication permet plus facilement de porter atteinte à une personne. Depuis qu’internet et les divers moyens de communication sont plus largement accessibles aux moins de 12 ans, nous sommes forcés de constater des faits de cyberharcèlement touchant 27% des élèves âgés entre 6 et 11 ans dès l’école primaire.

Les conséquences chez la victime :

À court terme

  • l’enfant souffre d’isolement relationnel
  • il développe un sentiment de honte, de perte d’estime de soi puis de culpabilité
  • les enseignants peuvent également constater des troubles du comportement : agitation, colère, attitude provocante…
  • l’enfant manifeste une anxiété qui diminue ses capacités attentionnelles : chute des notes et éventuellement un décrochage scolaire…
  • un absentéisme récurrent
  • un sentiment d’abandon empiétant sur son processus de socialisation (phobie scolaire)

 

À moyen terme

  • des troubles anxio-dépressifs par sentiment de culpabilité
  • perte de concentration et un sentiment d’inutilité
  • en fonction des cas, des troubles du comportement alimentaire, un décrochage scolaire, dépression, recours à la scarification et dans les cas les plus extrêmes au suicide

 

À long terme: le harcèlement est une bombe à retardement.

  • le harcèlement rend vulnérable les victimes sur le plan psychique et relationnelle.
  • conduites addictives ou tentatives de suicide (3 à 4 suicides par an en France causés par le harcèlement)
  • d’après des enquêtes scientifiques, les enfants d’anciennes victimes sont plus sujets à être victimes à leur tour

 

Les conséquences pour le harceleur :

À court terme

  • sentiment de pouvoir et forte estime de soi poussant à la répétition de ses actes
  • après des sanctions, notamment une exclusion de l’établissement scolaire, la rupture avec son cercle de relations et de camarades va le fragiliser au plan affectif. Ceci aura pour conséquence immédiate le besoin irrépressible de nuire à un pair pour palier à un manque affectif et une construction identitaire inachevée

 

À moyen terme

  • perte de confiance chez les adultes
  • tendance à se maintenir en position de force : il existe un risque de voir se développer des conduites de type psychopathiques et asociales confrontant ces jeunes à la justice
  • la répétition de ces comportements a un impact sur le cursus et le rythme scolaire du fait des exclusions si le harcèlement et le comportement inadapté sont dénoncés

 

À long terme

  • à l’âge adulte, par leur vécu, ils acquièrent un sentiment d’injustice et de rejet qui peut les pousser à transgresser les règles sociales
  • développement d’un sentiment d’échec avec une vie qui s’alterne entre des périodes où ils ont la sensation de dominer la situation et des périodes d’abattement voire de dépression
  • les enfants de parents anciennement harceleurs ont plus de risques d’être harceleurs à leur tour

 

Les risques pour les spectateurs/ témoins :

  • un sentiment de lâcheté dans le cas où ils n’ont pas pu dénoncer les faits de harcèlement : soit par peur de passer pour des “balances” et/ou par peur de subir à leur tour le harcèlement en représailles.
  • cette expérience marque ces derniers au niveau psychique malgré leurs nombreuses intentions de refoulement (tentative d’oubli) ou de rationalisation (“je ne pouvais rien faire d’autre”).
  • cependant, pour ceux qui se seraient bien vus dans le rôle du harceleur, assister à ces scènes leur donne des idées tout en minimisant la gravité des actes.

 

Prévenir le cyber-harcèlement: OUI mais COMMENT ?

  • ne communiquer aucune information personnelle

  • régler correctement les paramètres de confidentialité

  • ne pas divulguer son mot de passe, même à un ami

  • fixer des règles à la maison sur l’utilisation d’internet

  • s’intéresser aux activités de nos enfants sur le web

  • rappeler les grands principes d’utilisation du web

  • expliquer ce qu’est le respect de la vie privée, respect du droit à l’image

  • expliquer qu’internet n’est pas un lieu de non droit

 

L’école et les parents ne sont pas les seuls acteurs de la prévention du cyber-harcèlement. En effet, il existe de nombreuses associations qui lutte contre la cyber violence et le cyber harcèlement comme l’APHEE, E-enfance (association à échelle nationale agréée par l’Éducation Nationale), DANS LES YEUX DE LEA (basée à Ploërmel) souhaitant sensibiliser les parents sur les questions de harcèlement à l’école.

En cas de harcèlement, le mieux reste encore d’en parler et de BRISER LE SILENCE.

Deux numéros verts, totalement gratuits, anonymes et confidentiels ont été mis en place:

Si le harcèlement se passe au sein de l’établissement, l’élève peut appeler le 3020. Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 20h et le samedi de 9h à 18h (sauf les jours fériés),

ou

Si le harcèlement à lieu sur internet, l’élève peut appeler le 0 800 200 000 ouvert du lundi au vendredi de 9h à 19h.

 

DÉCELER LE HARCÈLEMENT/ CYBERHARCELEMENT, QUE FAIRE?

En cas de suspicion de harcèlement:

Si la personne suspicieuse est un élève, il doit prévenir un adulte responsable au sein de l’établissement qui doit prévenir le chef d’établissement.

En cas de harcèlement avéré: 

Le chef d’établissement doit prévenir les tuteurs légaux. Ces derniers et/ou la victime sont les seuls à pouvoir saisir la justice.

Le chef d’établissement doit saisir le procureur de la république puis convoquer l’équipe éducative.

 

QU’EN DIT LA LOI?

Les peines appliquées dépendent de l’âge de l’auteur des faits. De plus, des circonstances aggravantes peuvent s’ajouter :

  • Si la victime a moins de 15 ans,
  • Si le harcèlement a été commis sur une victime dont la vulnérabilité (maladie, handicap physique ou mental…) est apparente ou connue de l’auteur
  • Si le harcèlement entraîne, pour la victime, une absence à l’école de plus de 8 jours
  • En cas de cyber harcèlement

Ci-dessous, vous trouverez un tableau récapitulatif des différentes sanctions et peines encourues.

Tableau des peines encoures

Si l’auteur à moins de 13 ans
  •  Mineur de moins de 10 ans : mesures éducatives
  •  Mineur de 10 à 12 ans : mesures éducatives + sanctions éducatives
Si l’auteur est un mineur de 13 ans et plus
  • Mesures et sanctions éducatives
  • Possibilité de placement en foyer fermé
  • 7.500€ d’amende
  • Prison ne pouvant pas dépasser la moitié de la durée de la peine encourue par un majeur

Si 1 circonstance aggravante :

  • 7.500€ d’amende
  • 1 an d’emprisonnement

Si 2 circonstances aggravantes :

  • 7.500€ d’amende
  • 18 mois de prison
Si l’auteur est majeur (18 ans et plus)
  • 1 an d’emprisonnement
  • 15.000€ d’amende

Si 1 circonstance aggravante :

  • 30.000€ d’amende
  • 2 an d’emprisonnement

Si 2 circonstances aggravantes :

  • 45.000€ d’amende
  • 3 ans d’emprisonnement

Ex M1

6 thoughts on “Le rôle des différents acteurs dans la prévention contre le cyberharcèlement

  1. DUREUIL Alison

    Qu’est-ce qui est mis en place au sein des écoles exactement pour la prévention du cyber-harcèlement ?

    • Andrea Guillot

      Bonjour Alison,

      A l’école, nous pouvons agir sur le climat scolaire pour favoriser la confiance et l’implication de toute la communauté éducative quand aux comportements à risque!

  2. GUILLEMOT Marie-Lou

    Quelles sanctions peuvent être mises en place lorsque des élèves sont coupables de cyber-harcèlement ?

    • Andrea Guillot

      Bonjour Marie-Lou,

      Nous te remercions d’avoir pris le temps de lire notre article (malheureusement pas encore tout à fait terminé d’où quelques informations manquantes).

      En cas de harcèlement scolaire avéré, la victime ou ses parents peuvent prévenir la direction de l’école. Cela conduit la direction à prendre des mesures afin de résoudre la situation. En effet, tout personnel éducatif qui a connaissance de faits de harcèlement doit avertir au plus vite le procureur et lui envoyer tous les renseignements concernant les faits.
      La victime peut également porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie.
      Les harceleurs âgés de plus de 13 encourent des peines de prison et des amendes (6 à 8 mois selon les circonstances aggravantes avec une amende d’un montant maximal de 7,500 euros). Lorsque le harceleur est majeur, il encoure des peines plus lourdes. Quant aux mineurs de moins de 13 ans eux n’encourent pas de prison et ne payent pas d’amende.

      J’espère qu’on aura réussi à t’éclairer.
      Bonne journée.

  3. Philippe Clara

    Bonjour, en tant que futur professeur des écoles, un élève vient vous voir et vous dit qu’il est harcelé. Que faites-vous concrètement?

    • Andrea Guillot

      Bonjour Clara,

      L’enseignant prévenu doit avertir le chef d’établissement. Ce dernier convoque les personnes concernées avec les tuteurs légaux.
      Si le harcèlement se voit avéré, le chef d’établissement doit saisir le procureur de la république. Seuls les tuteurs légaux et/ou la victime peuvent porter plainte et saisir la justice.
      Quant à l’enseignant, il peut faire au sein de la classe uniquement des actes de prévention.

      J’espère t’avoir aidé sur ce point,
      Bonne fin de journée.

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