Roumanie

BOTOSANI, Février 2012

À première vue, on pourrait croire qu’aller en Roumanie n’est pas si loin, que cela peut se préparer la veille. C’est en effet possible, si vous comptez visiter Bucarest. Mais partir en stage pour deux semaines à Botosani ce n’est pas exactement la même chose.

Dans un premier temps, il faut savoir que Botosani est situé dans le nord (très au nord) de la Roumanie, à la frontière Moldave pour être exacte. Il faut aussi savoir que sur la période où je m’y suis rendu, la plus froide de l’année (début janvier, mi février), la température ne dépasse guère les -15 degrés et descend jusqu’à -28. Rien d’insurmontable à cela cependant, quand vous avez compris qu’il faut fermer la bouche lorsque vous marchez dans la rue, au risque d’attraper un vilain mal de gorge.

Concernant la ville de Botosani, c’est une ville sans grand intérêt touristique selon les multiples guides habituels (Petit Futé, guide du Routard, etc). Je n’attache plus de réelles importances à ces guides qui mènent justement vers des endroits trop touristiques à mon goût, oubliant souvent le côté le plus intéressant du pays: son authenticité.

Authenticité et Botosani vont de pair. C’est une ville à taille humaine (120 000 habitants), où ce sera un plaisir de s’y perdre (surtout dans les églises orthodoxes qui sont souvent magistrales par leur peinture) et un jeu d’enfant pour retrouver son chemin vers… le séminaire orthodoxe, où le petit appartement de Dora, l’institutrice qui sera votre MAT durant les deux semaines, mais aussi votre conseillère, votre guide touristique, et l’aura qui vous fera aimer son pays.

J’ai cité le séminaire théologique car c’est l’endroit où j’ai été hébergé pendant les deux semaines. Au début, on m’avait proposé l’hôtel 4 étoiles (Hôtel Rapsodia) en plein centre. Mon but dans un voyage étant de cerner au maximum le pays dans lequel je me rends, je ne me voyais pas être hébergé dans un tel endroit, surtout au prix de 35 euros la nuit, même avec petit déjeuner compris.

On m’a donc conseillé le séminaire théologique de Botosani, pour un prix inconnu avant mon arrivée, mais forcément plus abordable que l’Hôtel, et surtout plus typique. Normalement, le prix de la nuit était fixé autour des 7 euros. Pour ma part, après deux trois visites chez Monsieur le Prêtre de la ville comme Dora l’appelait, je n’ai rien payé concernant l’hébergement. Je vous conseille d’ailleurs d’aller lui rendre visite, il sera ravi de vous faire un café avec sa machine à expresso toute neuve et un rappel sur les différentes branches du christianisme, le tout avec humour et tolérance, ne fait jamais de mal à personne (il faudra cependant trouver un traducteur si vous ne connaissez pas le Roumain). Vous aurez peut-être même le droit à une visite du séminaire avec en supplément la chorale qui chantera rien que pour vous…

Les supérettes sont nombreuses dans le centre de Botosani, et même Carrefour s’est récemment implanté à une quinzaine de minutes à pieds du séminaire. Je n’ai pas eu l’occasion d’y faire un seul achat, Dora m’accueillait midi et soir dans son appartement et me faisait découvrir tous les plats Roumains, du mamaliga au tuica (vous verrez bien assez vite de quoi il s’agit, vous ne serez pas déçu).

Les écoles sont numérotées en Roumanie (héritage de l’époque Ceausescu). Celle où je me rendais 4 heures par jour (l’école primaire se déroule de 8h à 12h), portait le numéro 10, et était située à environ 20 minutes de marche du séminaire. Vous aurez le choix de vous y rendre à pieds, ou en taxi (ce qui vous coûtera environ 1 euro l’aller, soit environ 5 lei). L’école concentre les élèves de la classe 1 à la classe 8 (primaire et collège).

Le système éducatif roumain ne fonctionne pas de la même façon que le système français. L’instituteur prend en charge les mêmes élèves durant toute l’école primaire, de la classe 1 (7 ans) à la classe 4 (10 ans). Cette année, Dora s’occupait de la première classe, elle aura donc les mêmes élèves l’année prochaine qui seront passés en classe 2. Beaucoup de professeurs seront honorés de vous inviter au sein de leur classe pour que vous puissiez assister à un de leur cours. Ce sera souvent le moment d’une réelle démonstration orchestrée et millimétrée au centimètre près afin de vous convaincre que le système Roumain est excellent.

La langue de scolarisation est le Roumain, ce qui constitue une vraie barrière entre vous et les élèves, surtout les premiers jours où un temps d’adaptation pour votre oreille est nécessaire afin de saisir les premiers mots importants. De plus en plus le français est délaissé au profit de l’anglais, langue de prédilection des collégiens qui seront ravis de vous questionner dans cette langue sur votre équipement informatique et sur les groupes américains en vogue du moment.

Mon sujet de TER portait sur l’évaluation et plus particulièrement sur la comparaison du  système d’évaluation français, roumain et néerlandais (ma binôme s’étant rendu aux Pays-Bas).

Conseils

Vivez ces deux semaines à 200%. Pour comprendre la Roumanie, restez un maximum avec les Roumains. Laissez vous emmener par Dora et ses amis, dîtes oui à l’invitation de ses parents pour une soirée ou deux, souriez avec les enfants, discutez en français avec les professeurs de cette même langue, parlez anglais avec les autres, apprenez quelques mots en Roumain, tentez même des phrases. La politesse est très importante, et elle vous sera rendue en double. regardez les gens dans les yeux quand vous marchez dans la rue.

Vivre deux semaines en Roumanie, c’est avant tout une leçon de vie. L’humain prend une place considérable dans la leur, oubliez le reste, et profitez.

Adrien

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