Quelles différences y a-t-il entre espèce et race ?
Quelles activités permettent d’aborder ces notions ?
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Henri LE GAL
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La notion d'espèce |
La notion d'espèce peut se définir selon plusieurs niveaux, pour résumer :
Niveau 1 : appartiennent à la même espèce des individus qui se ressemblent, ils portent le même nom (ex : chien, chat, cheval, souris, rat, chouette, hibou,...). Mais cela pose problème car à l'intérieur de certaines espèces il y a une grande diversité morphologique (ex : chien) et au contraire il existe des espèces différentes qui se ressemblent (ex : la chouette et le hibou, le rat et la souris). Donc le critère de ressemblance qui peut être utile dans un premier temps (au cycle 1) trouve rapidement ses limites.
Niveau 3 : appartiennent
à la même espèce des individus qui peuvent avoir des petits ensemble, qui
peuvent se reproduire ensemble, qui sont interféconds et dont les petits
peuvent avoir à leur tour des petits, peuvent se reproduire,
sont fertiles (ces formulations sont équivalentes). Donc c'est le critère
de l'interfécondité qui prime pour définir l'appartenance à une espèce.
La notion de race |
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La notion de race est plus simple à comprendre si on admet deux éléments : elle est contraire à la tendance naturelle du vivant et elle est toujours liée à des choix imposés par l'espèce humaine.
La tendance naturelle du vivant conduit dans toutes les espèces à ce que des individus se reproduisent en dehors de toute considération sur l'aspect morphologique, la taille, la couleur,... Ceci conduit à ce que à l'intérieur d'une espèce, il y ait au final une diversité de morphologie, de taille, de couleur,...
Depuis que l'espèce humaine fait de l'élevage elle a choisi dans le monde animal les individus correspondant aux caractéristiques qui lui étaient favorables. Ainsi peu à peu l'espèce humaine a créé à l'intérieur des espèces animales des groupes homogènes (ou races) où les individus sont très ressemblants (poulet bleu de Bresse / vache Holstein / vache Normande / American Staffordshire / 101 dalmatiens / Cavalier King Charles) On parle de chien de race ils sont très ressemblants. Ils sont de la même race parce qu'on ne leur a pas laissé le choix de se reproduire avec qui ils voulaient. Mais faisons l'expérience de lâcher ensemble des chiens de différentes races dites pures, une femelle et un mâle de chaque race et nous obtiendrons des progénitures qui seront un joyeux mélange des ces différentes races (d'autant plus qu'une chienne peut être fécondée par plusieurs mâles différents et donc avoir des petits qui seront assez différents les uns des autres).
Donc les races n’existent que dans les espèces qui ont été domestiquées par l’espèce humaine.
Les espèces dites sauvages sont constituées d’individus assez différents (pour peu que l’on s’y intéresse de près).
Même dans les espèces domestiquées, dès qu’ils en ont la possibilité les individus mettent à mal l’homogénéité créée artificiellement par l’espèce humaine en se reproduisant sans se préoccuper des critères humains. Ils créent alors cette joyeuse diversité insupportable à l’humain qui les qualifie de bâtards.
Au final l’humain est la seule espèce qui ne prend pas en compte la seule notion d’espèce pour reproduire les animaux et les végétaux.
La notion de race dans l’espèce humaine doit être abordée un peu différemment.
Il y a les évidences des conversations de bistrot :
A ces évidences que l’on pourraient multiplier, s’opposent des faits d’observation :
Activités pour aborder ces notions |
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Concernant les activités, compte tenu de ce qui est écrit plus haut, on peut résumer les choses ainsi :
· Faire connaître la diversité des cultures (modes de vie, musiques, danses, peinture, cuisine) sans porter de jugement de valeur mais au contraire valoriser la diversité et la richesse de la très grande diversité à la surface de la Terre. En montrant, en faisant danser, en faisant écouter, en faisant faire, en goûtant,…
· Mettre en parallèle les cultures traditionnelles, habitudes de vie avec les conditions climatiques (mousson, sécheresse, froid,…), le relief, les risques naturels (inondations, cyclones, volcans, séismes…), la végétation (désert, forêt, steppe, savane, bocage,…).
· Comparer les cultures traditionnelles avec la vie d’aujourd’hui où les moyens de transport permettent de se déplacer rapidement d’un point à l’autre de la Terre, où le moyens techniques permettent de se protéger des aléas climatiques (maintenir un climat tropical humide dans nos maisons toute l’année).
· Classer successivement les élèves selon différents critères (un seul critère à la fois et on recommence avec un autre) : taille, puis sexe, puis couleur des cheveux, qualité de la vue, aspect des cheveux, forme des yeux, forme des oreilles, aptitude à rouler la langue ou pas… après on compare les classements obtenus. S’il y a des races humaines on devrait toujours et quelque soit le critère, obtenir le même classement. Comme évidemment cela n’est pas le cas la notion de race explose à propos de l’espèce humaine. Nous pouvons arriver à la conclusion que bien qu’étant tous des humains nous sommes tous différents les uns des autres.
· Le problème est que la vue est le sens premier dans notre espèce et qu’il nous conduit à des évidences qu’il n’est pas facile de remettre en cause.
· Une activité sur les 5 sens peut aider à faire comprendre que nous ne pouvons pas connaître les choses à l’aide de la seule vue : disposer à distance deux fruits de même espèce. S’arranger pour qu’ils aient des difficultés à les distinguer malgré la vue (l’un est un vrai fruit, l’autre factice mais particulièrement bien imité) demander aux élèves de dire quel est celui qui est vrai et celui qui est faux, leur montrer ainsi que l’on a besoin des autres sens pour mieux connaître les objets (toucher en soupesant, odorat en reniflant le fruit, goût en le mangeant). Cette expérience permet alors d’aborder le fait que par la vue nous avons une appréciation partielle de la réalité et parfois déformée. « Il ne faut pas se fier aux apparences »
· Pour contourner cette difficulté, éviter le discours moralisateur, éviter de lutter frontalement contre les évidences. Il faut au contraire un travail de fond portant sur la connaissance des autres, préalable à l‘acceptation de la diversité. Le rejet vient de l’ignorance qui conduit à avoir peur de l’autre, à se replier sur soi. Il faut montrer aux enfants que nous n’avons pas peur de ceux qui nous sont inconnus, différents. Toujours donner des explications plutôt que de porter des jugements. Chercher les causes des comportements hostiles des attitudes de rejet, des comportements violents. Il y a souvent derrière ces comportements agressifs l’expression d’un malaise, d’une souffrance…
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