LEMONNIER Pierre estampe linogravure rhodoïd-AUTOPORTRAIT

Se représenter soi-même, l’art de l’autoportrait, sous-genre de l’histoire de l’art des images les plus traditionnel parmi toutes les traditions, implique nécessairement la question de la ressemblance. Mais cette question est une erreur, car le simple désir mimétique relève de l’art d’agrément. L’art ne se soumet pas à la logique du réel, car la logique du réel ne se soumet pas à l’art.

Contre pouvoir de la morale et l’état, l’art est l’ensemble du processus de création, ajouté à l’objet en résultant (tangible ou non), donnant à voir la vision du monde non déformé de son ou ses instigateurs. Ainsi Proust l’affirme dans « contre sainte Beuve » et ainsi je l’affirme :

« L’ensemble du processus de création », c’est l’histoire personnelle de chaque individu. « L’objet qui en résulte », c’est l’individu lui-même. « Donnant à voir sa vision du monde non déformé », c’est la volonté de l’individu de donner à voir sa force de vie à soi-même, àses congénères et au monde matériel. C’est son oeuvre. L’intégralité de tous ces aspects s’ajoute pour former l’autoportrait le plus manifeste qui soit.

Ce que je présente, c’est une partie de moi. Mon visage n’existe plus, seul subsiste mon regard. Les gens ne sont plus que des images dans un écran. Ma matrice, l’outil me permettant de donner ç voir ma force de vie, produit une multitude de parties de moi. Chacune d’entre elles nous apparaît de façon fragmentée, effacée. La vision de cet ensemble manifeste ma vision du monde.

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