Atelier d’écriture poétique

Printemps des poètes.
En atelier d’écriture, des poèmes ont été rédigés dans la cadre de la dominante « Arts et lettres » par des étudiants et des formateurs. Les voici : savourez-les !

Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème

Pour mettre en fureur les gens graves graves graves

Ou ronds comme des barriques

Rois d’un jour ou d’une nuit

Tels des asphodèles en haillons

Tirées de leur charnier

D’où fusent des étincelles

L’amor que passa a la vora del mar

.

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Une voix, une voix qui vient de si loin


D’entre les tombes, d’entre les morts*


Mots sécrétés, mâchonnés


Mots des peines perdues


Mots de milliers d’ancêtres


Mots en haillons d’argent


Asphodèles fanés sur un charnier fumant


Mots mots mots


Cataracte métallique d’un poème


Etincelles brûlantes d’une lumière éphémère


Sur une belle phrase creuse


Car onques puis n’en ai ouï parlé

.


Bon dieu de bon dieu que j’ai envie d’écrire un petit poème


queue d’chi


ça vient pas


en pan.


La Claudette est allée cloper


le vieux Bruegel carnavalise


et la Censuré fainéantise


Bon dieu de bon dieu


un p’tit poème, c’est pas sorcier


même la Morgann y est arrivée


Un tout p’tit poème japonais


Même un verset, un truc biblique


deux trois mots qu’on élucubrique


Merde,


j’ai renversé.


Bon dieu de bon dieu


Petit poème


tu vois où se trouve la poubelle?

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J’ai toute une maison de mots


mais personne à qui les dire


Toute une maison entière


et personne ne l’habite


Je vais je pars je reviens


Les lofoten et la Barbade


Je parle à une pierre, un canard, un vieux chien


J’ai toute une maison de mots


mais personne à qui les dire


Les années tombent


les voix s’usent ou disparaissent


Il gèle


et le mandarinier n’a toujours rien donné


J’ai toute une maison de mots


mais personne à qui les dire


Alors je les mets en ordre


alignés comme un poème


et je les range au fond de moi


mais s’il s’agit de les dire fort


alors


alors


la voix s’étrangle

.

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Tu m’as dit si tu m’écris


Ou tu m’écris si tu m’as dit


Qu’a-t-il dit, qu’à t il écrit ?


On ne s’est pas compris


Puis on se parlera


Là, tu m’écouteras


Et on partagera


Mais on ne se comprendra toujours pas


Je me suis retournée


Je ne t’ai pas parlé


Je ne t’ai pas écouté


Je n’ai rien dit


Je n’ai rien écrit


Je suis juste partie

.

.


J’ai toute une maison de mots


Des mots pour des poèmes


Des poèmes pour des mots


Des mots pour des échanges


Des échanges pour des rencontres


Des rencontres pour un partage


Et ce partage que permet-il ?


Nul ne le sait


Mais chacun choisira son voyage

.

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Je préfère les mots simples,


Pas les mots trop beaux,


Les mots trop nouveaux.


Les petits mots tout bête,


Qui ne prennent pas la tête.


Les mots qu’on comprend facilement,


Sans réfléchir trop longtemps.


Pas les mots composés,


Les mots qu’on ne sait pas prononcer.


Les mots sans prétention,


Sont mes préférés en toute saison.

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Une voix, une voix qui vient de si loin,


Il pleure dans mon cœur,


Au rappel de ce souvenir lointain.


Comme un poème depuis longtemps oublié,


Qui nous revient sans y penser.

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Je préfère les mots simples


À ces mots de femme


Tonnerre ! Sourds ennemis…


Je préfère les mots simples.


Je ne vis pas l’Unique Autre


Glisser son billet doux


Et la faute, par sa bouche tue.


Je ne vis pas l’unique autre.


À ce moment, presque parfait !


À ce moment, il manquait…


…Quoi ?


Sourd, sourd,


Regardons ailleurs.


Là-bas, par la fenêtre.


Vraiment,


Je préfère les mots simples.

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Prends ces mots dans tes mains et sens leurs pieds agiles


Prends ces mots dans tes mains et sens leurs pieds d’argile


J’ai toute une maison de mots.


Fragiles !


Construis, explore : les poèmes naissent donc pieds-nus ?

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Mélancolie du soir


C’est le grand froid de la nuit, c’est le noir


Noir dans le gris du soir


Dehors, la lune ronde qui blanchit


Nous offre un Paradis


Qui balaie la nuit


Harmonie du soir.

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Je vis assis


Voila, il est minuit


Dehors, la lune ronde qui blanchit


Elle est pleine


Toi tu es endormie


Comment faire pour ne pas avoir trop de peine


Cette nuit là je vis assis


Je vais t’écrire un poème.

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Sécrétés, mâchonnés par des milliers d’ancêtres


Ils viennent de la Terre


Dévorés par beaucoup d’Hommes


Ils s’animent à différents rythmes


Vivant de l’inspiration d’un poète ou de matière organique


L’un aime être lu à tue-tête


L’autre avoir l’estomac bien remplis


Ils peuvent tous deux être à la fête


Sans doute peuvent-ils être touchés par la mélancolie


Leur rôle est majeur


Là pour que je te pleure


Ou bien traduire mon bonheur


Ils remettent ton corps à sa terre


Ou encore de belles paroles, puisses-tu être bénéficiaire


Alors, Grand-Mère,


Dis Merci aux vers.

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Des ancêtres bruyants


Sécrétés, mâchonnés par des milliers d’ancêtres,



toutes ces complaintes émanant de tous les âges



n’ont de sens qu’au passage


de tous ces problèmes aussi futiles soient-ils, transperçant notre être.


Nos efforts sont piètres


lorsque l’on souhaite faire barrage


à toutes ces douleurs qui nous demande du courage.


Mais, attendons d’être nous-mêmes ancêtre avant de se complaire en de maintes plaintes.

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Des mots et des lettres


Assis par terre au milieu de mots


je regarde, assis, s’écouler ce torrent de phrases.


Quelques lettres m’éclaboussent.


Assis au milieu de cette pluie d’encre,


je me laisse imprégner de l’écriture.


Je vis assis au milieu de ce tintamarre de mot et pourtant je me laisse aller à faire ce poème.

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Petite chose verte


Quelle est cette chose verte et molle?


Inventé par l’homme stressé et impatient,


A tous les goûts et couleurs satisfaisants,


Que l’on abandonne et que l’on colle.


Avant de s’en être débarrassé,


Il est retourné ça et là dans le néant,


Sécrétant de la salive d’aspect gluant,


Allant même créer des bulles l’été.


Ecoute-moi petit bonhomme !


Cette chose mâchonné à longueur de journée


Par nos milliers d’ancêtres les Pigmées


N’est autre que le chewingum !

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Entends-tu?


Entends-tu au loin cette voix?


Qui répète sans cesse des milliers de fois


« Dis, qu’as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ? »


Cette voix s’élève, puis s’éloigne et s’affaisse.


Une voix, une voix qui vient de si loin


Ne vient-elle pas de son imaginaire lointain


Ancrée comme un poème effacé …

.


M’écris-tu ?


Si, dis.

Tu cris me ?

Si tu cries ?


Si tu m’as cru


Tu m’as cuit !


Mais, dis-tu,


si tu m’écris,


Tu m’as dit.


Bon Bieu de Bon Dieu, que j’ai envie d’écrire un petit poème !

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Poème


Je t’avais dit, tu m’avais dit


Vivre plus loin.


La vie est-elle une chose ?


Rondeur et déca danse


Mars est-elle une fête ?


Dérouter le temps


Là-bas, ici bat


Ton cœur qui bat,


Et s’en allait


les poings


dans les poches


fermées,


crevées.


Vivre et sentir.


Humer,


Respirer,


Jouir d’en rire.

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C’est mon po, mon po, mon poème



Un peu bateau, pas sûre que t’aimes


C’est mon po, mon po, mon poème


Un vrai fardeau, rêvé bohème


C’est mon po, mon po, mon poème


Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence


C’était mon po, mon po, mon poème…

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Ivre mort (ou pas), mais mort quand même


Blanc comme un linge, qui le recouvre


Nu comme un ver, étendu sur le sol


Maigre comme un clou, qui ne tient plus debout


Il est là, comme si de rien n’était

Une réflexion sur « Atelier d’écriture poétique »

  1. Merci Claudette pour ta contribution poétique avec Jean-Michel au blog d’arts visuels et du suivi de médiation culturel.
    Pascal Bertrand

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