Mémorial de l’abolition de l’esclavage – Nantes

Comment mettre en scène la mémoire et les traumatismes dans un espace public ? Avec quels médiums ? Faut-il effleurer ces pans violents et criminels de l’Histoire pour ne pas choquer ou les exposer à la lumière crue du jour ? Théâtraliser ou édulcorer l’atroce réalité ? Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder ont tous deux travaillé sur le sujet.
Quand on entre sur l’esplanade, le parvis est jonché de plaques commémoratives : des noms d’expéditions, de bateaux négriers… (ne pas regarder le ciel sous peine de ne rien voir). Ensuite, on entre dans la partie souterraine de l’exposition. La part d’ombre et sombre de l’Histoire. Quelques dates importantes sur une frise nous rappellent que l’abolition de l’esclavage a maintes fois été votée, puis l’esclavage rétabli etc. Des lumières rouges-sang. Des portraits d’esclaves noirs que l’on devine. Une bande sonore nous renvoit des bruits presqu’inaudibles de chaînes d’esclaves, de la mer déchaînée et quelques paroles. On se croirait dans la cale d’un bateau négrier. Sur chaque panneau oblique, les mêmes mots gravés et répétés comme un leitmotiv et dont voici quelques-uns : Mom sa bop, Fahafahana, Ufolo, Liberdade, Freedom, Liberté ! La liberté, en toutes langues, en tous pays. Un rêve ? Une utopie ? Sont gravées aussi les citations d’hommes politiques, écrivains, artistes, hommes d’église… Des témoignages d’anciens esclaves. Des extraits de poèmes, de chansons, de Negro spirituals. Au bout du parcours qui forcément informe, bouleverse, choque et fait réfléchir, une petite ouverture nous laisse entrevoir le Palais de Justice -ce grand bâtiment noir, sur l’autre rive.
Katia B.

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