Cellul’Art et les cycle 3 : Découverte de la technique photographique à partir des œuvres du plasticien Pascal Mirande.

Exposition des oeuvres des élèves de cycle 3

En partenariat avec le dispositif « Objectif photo » du CDDP, les membres de Cellul’Art, galerie à vocation pédagogique, ont eu la chance d’accueillir dans les murs de l’IUFM de St Brieuc les œuvres du photographe et plasticien Pascal Mirande. Au delà de leur simple exposition, ces dernières devaient constituer le point de rencontre entre des étudiants de l’institut et des élèves du primaire au vue de la mise en place d’ateliers en arts visuels. Et plus encore, elles devaient nous permettre de concrétiser un souhait : ouvrir nos portes à un plus large public et tout particulièrement aux cycles 1 et 2.

Et c’est chose faite ! Grâce à l’enthousiasme et au dynamisme des enseignants de l’école Jean Nicolas, tous les cycles ont pris part au projet. Divers travaux sont nés de cette collaboration et seront exposés dans les coursives de l’IUFM de St Brieuc dès le début du mois de juin.

Cet article vient dès lors présenter les ateliers effectués en cycle 3 non seulement pour ceux qui n’ont pu participer à cette démarche extrêmement enrichissante et qui pourtant souhaiteraient connaître le déroulement des séances, mais aussi pour donner envie à d’autres de perpétuer ce projet plusieurs années durant…

L’exposition

Passant par la « porte mystère » bleue, les élèves de CM2 marchent en direction des portes de l’IUFM : c’est le jour de leur visite à l’exposition de Pascal Mirande. Après être allé les chercher dans leur classe, nous les accompagnons donc dans les coursives où sont présentées les diverses photographies choisies par l’artiste. Avant tout, il leur est rappelé que bien qu’il ne soit plus dans l’enceinte de leur école, les règles sont les mêmes, ceci dans l’unique but d’assurer la sécurité de chacun et le respect des œuvres. Ce fut par ailleurs l’occasion de leur demander s’ils avaient déjà été dans un musée. Leurs réponses furent très timides et l’enseignante nous expliqua alors qu’ils devaient justement se rendre au musée le mois prochain pour une exposition sur l’histoire de la photographie. Ça ne pouvait absolument pas tomber mieux ! Quelle chance !

Mais pour le moment, ils étaient là pour découvrir le travail d’un plasticien astucieux qui ne manque pas de tromper son monde avec ses jeux d’échelle, de perspectives, … Il était donc temps de leur laisser s’approprier les lieux, de leur permettre de contempler librement les œuvres afin qu’ils s’interrogent sur celles-ci. Une seule demande leur avait été formulée : en choisir une qui leur plait tout particulièrement. Nous ne voulions pas en dire plus pour ne pas les détourner de l’exposition. Aussi, chacun se mit à circuler dans tout l’espace et semblait intriguer par ce qu’ils voyaient.

Au bout d’une dizaine de minutes, on se regroupa. Nous leur expliquâmes alors le déroulement de la séance. Il s’agissait à partir de l’œuvre choisie, de raconter une courte histoire (trois ou quatre lignes maximum) et d’y donner un titre. Pour ne pas les influencer, nous avions préalablement cacher ceux donnés par Pascal Mirande. Le travail, qui à l’avenir s’effectuerait essentiellement par groupe de trois ou quatre, était ici individuel afin que chacun s’imprègne d’au moins une des productions et qu’ils soient tous mis en situation de création. Nous avions disposé des boîtes devant chacune d’entre elles afin que les élèves y déposent leur historiette. Bien évidemment, certaines avaient plus de succès que d’autres (Icare et la fusée Ariane, les ex-voto) mais chaque série était représentée par au moins une photographie, ce qui nous a permis d’engager un temps de verbalisation sur chacune d’entre elles : un élève venait piocher un papier pour ensuite lire l’histoire à ses camarades, celui qui l’avait écrite pouvait alors expliquer pourquoi il avait choisi cette photographie et lui attribuer un titre. Ce dernier était ensuite comparé à celui donné par l’artiste. Il était essentiel de laisser la parole à l’élève et de créer une climat d’interaction, ce qui n’était pas évident, eu égard au fait que c’était notre première rencontre. Mais la classe de CM2 s’est avérée dynamique et curieuse et, bien que la lecture à voix haute sembla mettre dans l’embarras certains élèves, ils relevèrent en revanche de nombreux éléments, parfois même inattendus, sur les œuvres ce qui nous permis de rebondir sur des questions diverses telles que celle des mythes et notamment Babel et Icare, la photographie du XIXème et l’origine du ex-voto, et, un dernier, incontournable si on en juge par leur participation accrue, les avions (prenant appui sur les travaux de Léonard de Vinci, dont la plupart se rappelait d’ailleurs, le fameux tableau de la Joconde). Bien entendu il ne s’agissait pas de leur faire une liste exhaustive des éléments majeurs ressortant de chaque œuvre mais bien de les amener progressivement à s’interroger non seulement sur le thème mais aussi et surtout sur le procédé utilisé par l’artiste. Le jeu sur les échelles était difficile, même pour un œil plus averti, à découvrir. Le fait que la tour de Babel, représenté sur l’une des réalisations, soit en fait un plot de travaux recouvert de maquettes d’échafaudage les a très surpris.

Toutefois, les éCarnets de travail des cycle 3 présentés lors de l'exposition des élèves de l'école Jean Nicolas.lèves se sont montrés très imaginatifs s’agissant du matériel utilisé par le plasticien pour donner l’illusion que les bateaux voguent en pleine mer ou que les avions volent très haut dans le ciel : de la prise de jet en bord de piscine au bain en mer véritable pour le premier, du principe du cerf-volant jusqu’au fil de pêche pour le second. Les suggestions allaient bon train et étaient toutes très intéressantes. Par chance, Pascal Mirande nous avait laissé ses carnets de voyage, témoin du cheminement de sa pensée créatrice. Cela nous amena à leur souligner l’importance de la préparation avant toute réalisation artistique concrète. Nous avions d’ailleurs prévu une petite expérience par groupe de trois : trouver l’angle de prise de vue de photographies de la galerie, que nous avions prises préalablement, grâce à une fenêtre de visée Carnets de travail des cycle 3 présentés lors de l'exposition des élèves de l'école Jean Nicolas.simulant celle de l’appareil. Un support leur était fourni avec du papier et un crayon afin qu’ils puissent faire un croquis de l’angle de vue qui correspondait. L’objectif était qu’ils comprennent la manière de concevoir un croquis ainsi que son utilité à savoir garder une trace de ce que l’on a vu afin éventuellement de le réinvestir par la suite. Leur dessin ne devait donc faire ressortir que les formes les plus significatives, comme s’il représentait une image mentale. Les croquis qu’ils feraient à l’avenir iraient d’ailleurs en ce sens puisqu’ils seront effectués avant la prise photographique (et non après comme précédemment) afin d’avoir un aperçu de ce qu’ils souhaitent obtenir et ainsi . Témoin de leur démarche, de leur cheminement, il était de plus prévu qu’ils donnent lieu à un carnet de travail pour leur propre exposition de fin d’année.

Notre première rencontre ayant pris fin avec ce petit exercice, il ne nous restait plus qu’à leur expliquer le déroulement des prochaines séquences : des ateliers photo où ils seront amenés progressivement à expérimenter eux-mêmes ce jeu des échelles. Dans cette perspective, ils devaient apporter un personnage en jouet de leur choix mais qui devaient être à leurs yeux un super-héros…

La première séance : familiarisation avec le vocabulaire photographique et mise en pratique.

Pour cette première séance, nous souhaitions les accueillir en extérieur afin qu’ils s’empreignent des lieux qui devaient par la suite devenir leur décor pour les mises en scène photographique. Mais le soleil n’étant pas au rendez-vous ce jour-là, nous les avons directement emmené dans la salle d’arts plastiques que notre professeur nous avaient amicalement mis à disposition.

Après les avoir mis en groupe de trois – ce que nous aurions dû faire à la fin de l’exposition pour éviter toute perte de temps et des petites disputes – nous leur avons demandé s’il se rappelait de l’exposition qu’ils avaient visité en notre compagnie ainsi que du travail qu’ils avaient effectué. Bien que quelques mois séparaient les deux séances, leurs souvenirs étaient très bons : ils se rappelaient parfaitement de la méthode de travail de l’artiste, des thèmes qu’il avait utilisé, de son matériel (croquis, appareil photographique argentique, détournement de la réalité) ce qui nous conforta dans l’idée qu’ils avaient apprécié les œuvres proposées. Comme ils avaient entre temps été au musée de St Brieuc pour l’exposition sur la photographie, ils nous expliquèrent les choses qu’ils avaient pu y voir : les différents appareils photographiques apparus au fil de l’histoire, les méthodes utilisées, l’inventeur, … Ce sujet ne semblait visiblement pas les laisser en reste.

Jeu de devinettes présenté lors de l'exposition des travaux des élèves de cycle 3Nous leur avons ensuite expliqué rapidement ce en quoi allait consisté la séance d’aujourd’hui. Du matériel avait été installé préalablement par nos soins et nous leur avons donc expliqué comment ils allaient pouvoir l’utiliser. Un appareil photo était raccordé à la télévision permettant de visionner toutes les images qu’ils allaient pouvoir prendre. Mais il ne s’agissait pas de faire n’importe quoi. Nous avions disposé dans une boîte des petits papiers où figuraient des sortes de devinettes avec le nom d’une des notions qui allaient être abordées (cadrage/points de vue/effets) telles que « Devine ce qu’est un gros plan » ou « Devine ce qu’est un plan de détail » ou encore « Devine ce qu’est une photographie en plongée ». Une fois un petit papier pioché dans la boîte par chacun des groupes, les élèves devaient trouver ce à quoi correspondait la notion avec leurs camarades. Les élèves devaient ainsi essayer de comprendre ce que voulaient dire les différentes expressions (notamment plongée/contre-plongée…).Pour cela, ils avaient à leur disposition des fenêtres de visée. L’objectif était de les familiariser avec les techniques les plus utilisées par les photographes pour détourner la réalité.

Au bout de quelques minutes, chaque groupe venait devant la classe lire leur devinette et proposer avec l’appareil photo une image qui y correspondait. Cette dernière était alors directement retransmise sur la télé de façon à ce que tout la monde voit. Bien entendu nous avions préalablement pris des photographies de nous afin de pouvoir les comparer avec la leur et vérifier ensemble ce que la notion signifiait. Comme l’expérimentation s’effectuait collectivement, tous les élèves pouvaient proposer autre chose dès lors qu’ils estimaient que leurs camarades n’avaient pas utilisé le bon angle ou le bon cadrage. Ces derniers n’ayant été vus que très rapidement lors de l’exposition, nous pensions que certains poseraient des difficultés. Mais étonnamment ils s’en rappelaient relativement bien, même lorsqu’il s’agissait de rendre plus petit ou plus grand un personnage, ce qui n’était pas le plus évident selon nous. Ces premiers jets se sont même avérés très rigolos et chacun pris donc plaisir à faire ce petit exercice. De plus, nous nous sommes à peine servies des photographies que nous avions faites en guise de réponse, les élèves participant bien et n’hésitant pas à venir corriger leurs camarades. Toutefois, cette première expérimentation nous a permis d’aborder un vocabulaire photographique précis :

  • le cadrage qui impliquait de se demander à quelle distance le photographe se place-t-il par rapport à son sujet et quelle portion de l’espace souhaite-t-il ainsi montré (vue d’ensemble : plan panoramique, plan large ou de demi-ensemble, gros plan ou plan serré, très gros plan, plan de détail)

  • le point de vue qui répondait à la question « Comment le photographe est-il placé par rapport à son sujet ? » avec les notions de plongée, de contre-plongée, de face, de côté, de dos

  • les effets qui entrainaient l’utilisation de certaines options sur l’appareil : flou/net, effets de mouvements ; toutefois nous leur avons signalé ici le fait qu’il était préférable de ne pas trop les utiliser, celles-ci pouvant l’être à partir de l’ordinateur, une fois la photographie transférée.

      Nous sentions qu’ils étaient pressés de prendre les appareils mais il était important qu’ils laissent une trace de leur travail. Aussi, au delà des photos que nous avons bien entendu conservées, devaient-ils faire un croquis de celle qu’ils estimaient la plus juste parmi toutes celles qu’ils avaient prises dans chaque groupe, eu égard à leur devinette. Celui-ci leur permettrait ainsi d’avoir un repère pour la suite.

La suite se déroulait dehors avec les mascottes que chacun avait apporté. Une prise en main des appareils étaient tout d’abord prévue mais puisque dans l’ensemble ils semblaient connaître les options telles que le flash, le zoom, etc, nous avons préféré passer outre et aider plutôt sur l’instant, lorsque l’un d’entre eux ne les trouvait pas. De surcroît la phase précédente avait pris plus de temps que prévu et il nous fallait avancer.

À chaque groupe était donc attribué une première mission : « Ton super-héros doit paraître très grand comme un géant ! » ou « Ton super-héros doit paraître tout petit, presque minuscule comme dans le pays des Lilliputiens ! » ou encore « Ton super-héros doit sembler voler la-haut dans le ciel ! ». Nous leur avions préparé, de plus, beaucoup de matériel afin qu’ils puissent rechercher celui qu’ils considéraient comme le plus approprié pour obtenir le résultat escompté, c’est à dire en fonction de la mission piochée. Était ainsi mis à leur disposition : fil de nylon, cannes à pêches, papiers croquis avec calendriers pour support, crayons graphites, carton, …

Chaque groupe devait dès lors s’interroger sur la meilleure manière d’avoir un personnage plus petit que ou qui vole dans le ciel, etc. Ils avaient à leur disposition des fenêtres de visée, dont l’utilisation était chaudement recommandée vu qu’un croquis devait être effectué avant toute photographie. Matérialiser une représentation mentale de la photographie qu’il souhaitait faire était systématique avant tout autre chose, toujours dans l’esprit de leur faire remarquer l’importance de la préparation qui permet de modifier ou de rajouter des éléments.

Après quelques minutes de réflexion, ils pouvaient prendre la photo voire même plusieurs puisqu’il s’agissait d’expérimenter , puis ils venaient nous voir afin que les plus significatives (une ou deux seulement), eu égard à leur mission, soient validées. Si tel était le cas, le groupe pouvait piocher une nouvelle fois et ainsi accomplir une autre mission. Les groupes les plus motivés et où l’entente était de mise réussissait à en faire trois. D’autres n’en ont fait qu’une seule souvent du fait de leur incapacité à travailler en équipe. Dans ce cas, généralement, seul un élève s’accaparait l’appareil et faisait preuve d’un comportement entêté quant aux moyens à utiliser pour faire l’exercice. Les autres étaient mécontents et se mettaient à jouer avec leur mascotte. Le problème pour nous était qu’il s’avérait très difficile de trouver une solution adéquate. Temporairement, l’un des élèves pouvaient se rattacher à un autre groupe mais la participation de chaque membre devenait alors très restreinte dans celui-ci. Nous avions opté pour les pousser à s’entraider mais le temps que nous passions avec eux était du temps en moins avec les autres. C’était l’occasion de se rendre compte de la complexité de gérer une classe hétérogène. Et nous, nous étions trois ! Enfin, dans l’ensemble tout s’est bien déroulé et les élèves s’amusait beaucoup et ont fait preuve de beaucoup d’ingéniosité.

Pour finir nous devions faire un bilan dans la salle d’arts visuels et leur passer sur la télévision leurs différentes productions après une récréation où nous aurions profité pour les déposer sur l’ordinateur. Mais nous avons été une nouvelle fois prises par le temps. La séance se termina donc sur cette dernière activité de plein air après une brève présentation de la prochaine séance : la confection d’une histoire à partir de leur super-héros et la mise en scène de celle-ci par le biais de la photographie.


La deuxième séance : découverte des photos ainsi réalisées et création d’une histoire de super-héros.

N’ayant pas disposé d’assez de temps pour faire un bilan de la séance précédente, celle-ci débuta par le visionnage des photos ainsi réalisées accompagnée d’une verbalisation collective sur les procédés utilisés. Une fois installé en groupe en salle d’arts visuels, la séance a donc débutée.

Nous avions préalablement préparé un dossier sur l’ordinateur pour les photographies réalisées par chaque groupe et avons ainsi exposées celles-ci grâce à un diaporama. Les élèves qui reconnaissaient leur travail pouvait donc expliquer de quelle(s) mission(s) il s’agissait ainsi que la manière dont ils avaient procédé, s’il avait été facile d’imaginer la scène, si l’utilisation de la fenêtre de visée ainsi que le fait de faire un croquis avant leur avait véritablement servi. Dans une société où tout est dans l’instant ou tout le monde veut tout tout de suite et maintenant il n’est pas évident d’expliquer à un enfant qu’un projet photographique nécessite une préparation, une représentation préalable, … D’autant que désormais les appareils sont numériques et permettent donc de tâtonner, d’expérimenter sans avoir à se poser de questions semble-t-il. Il est donc très compliqué de casser cette manière de faire. Les élèves ont donc certainement compris pourquoi on leur demandait de faire un croquis mais n’ont pas forcément saisi l’importance de se créer une image mentale. Il en va de même en lecture par ailleurs. Les problèmes de compréhension sont certes dus à une concentration extrême sur la reconnaissance des mots, du fait de lacune en ce domaine mais c’est aussi l’absence de représentation mentale de l’histoire qui les fige dans leur difficulté. Le concept est certes difficile à expliquer mais il serait important d’y revenir, car nous avons bien senti qu’ils ne s’étaient pas réellement servi de leur croquis a contrario de la fenêtre de visée. En revanche, le vocabulaire était bien réinvesti et notamment les notions de plongée et de contre-plongée qui n’étaient pas faciles à cerner.

Bien que nous ayons passé trop de temps sur ce bilan, les élèves montrant des signes de lassitude, ils étaient contents de voir leur travail. Nous voulions bien évidemment exposer le travail fourni par chaque groupe mais cela commença à être ennuyeux pour les groupes qui étaient déjà passés. Aussi aurions nous du rebondir plus rapidement sur l’exercice suivant.

Le temps n’étant pas au beau fixe, nous sommes restés à l’intérieur pour confectionner des histoires mettant en scène leur super-héros. L’enseignante n’avait pas eu le temps de faire cela en classe, de nombreuses évaluations devant être effectuées à cette période de l’année par les élèves, ce qui finalement nous arrangea puisqu’il pleuvait dehors. La tâche proposée consistait donc ici à écrire une brève histoire de super-héros pour ensuite la mettre en scène en utilisant des techniques photographique vues précédemment. Chaque groupe se devait d’en faire ressortir au moins une lorsque leur récit serait retranscrit par les photographies. Ils pouvaient de surcroit se baser sur l’une des images qu’ils avaient réalisé lors de la séance précédente. Toutefois l’histoire devait contenir les trois moments inhérents à un schéma narratif classique : la situation initiale, l’élément perturbateur et enfin la situation finale. Une contrainte supplémentaire avait été rajoutée afin que personne ne soit mis de côté et qu’aucune dispute ne soit engagée entre les membres d’un même groupe : les trois personnages devaient figurer dans l’histoire.

Ce travail remis un peu de dynamisme à la séance et tous réussirent cette fois à s’entendre. Chacune d’entre nous passaient les aider s’ils en avaient besoin et des histoires très marrantes virent le jour. Ils semblaient tous apprécier le fait de créer leur propre récit.

Cette dernière séance s’arrêta sur cette tâche le temps ne se prêtant pas à ce que nous avions prévu par la suite. Une autre séquence fut dès lors programmée pour la mise en forme des photographies associées à l’histoire ainsi créée.

La troisième séance : mise en scène photographique des histoires de super-héros.

N’ayant pu mettre en scène les histoires des élèves du fait du mauvais temps, une nouvelle séance avait donc été programmée afin de faire cette fois les photographies qui raconteraient en image le récit des super-héros choisis par les élèves. Nous leur avons expliqué le déroulement de la séance qui consistait, suite à la prise de photos, à retourner dans leur école pour travailler sur l’ordinateur. Nous voulions en effet qu’ils retranscrivent tout leur projet eux-mêmes au vu de l’exposition.

Cette dernière séquence se déroulait donc dans un premier temps à l’extérieur, dans le cloître de l’IUFM. Comme la première fois, il disposait non seulement du terrain (banc, arbres, buissons, etc) mais également du matériel dont il pourrait avoir besoin pour réaliser certaines techniques (comme faire voler son personnage : une canne à pêche avec du fil de nylon). Ce dernier avait été mis en vrac dans un carton pour ne pas les influencer. Tout d’abord, chaque groupe lut leur histoire aux autres, ce qui les a moins mis mal à l’aise que la première fois, lors de l’exposition ; mais nous nous connaissions mieux et ils savaient que nous n’étions pas là pour les juger. Les histoires étaient étonnantes et composaient également avec des personnages de contes : le chat botté, le chaperon rouge, …

Histoire en quatre photographies présentée par les élèves lors de l'exposition.Puis, pendant une heure, les élèves ont donc composé avec l’environnement extérieur et ce matériel afin de transformer au mieux leur histoire en trois ou quatre images. Le travail de groupe s’est parfaitement déroulé et le résultat fut bluffant. Mais nous préférons vous laisser attendre l’exposition pour en juger par vous-même.

Une fois le travail terminé et le matériel rangé, nous nous sommes rendus tous ensemble dans leur école afin qu’ils transfèrent leurs diverses photographies. Pour cela, nous leur avons expliqué comment procéder à l’installation du matériel et raccorder ainsi leur appareil à l’ordinateur. Cela permettait ainsi de prolonger ce travail d’écriture et photographique par l’utilisation de TICE, qu’ils doivent par ailleurs maitriser en cycle 3 afin d’obtenir leur certificat du B2i. Étant une génération où les médias font partie intégrante de leur vie quotidienne, ils se débrouillaient plutôt bien et nous n’étions là que pour les accompagner en cas de problème. De plus, cette tâche se déroulant dans leur école, ils avaient l’habitude d’utiliser ces ordinateurs. Aussi, un dossier fut créé par chacun où figuraient les photos qu’ils avaient décidées de retenir pour leur projet dans l’ordre chronologique de leur apparition, celle-ci retranscrivant tout de même une histoire. Un titre devait de surcroit être attribué à leur mise en scène.

Bien entendu nous leur avions expliqué l’intérêt de transférer leurs photographies et par là, comment allait se dérouler l’exposition : des carnets comme ceux qu’ils avaient vu lors de l’exposition de Pascal Mirande seraient ainsi confectionnés et contiendraient leurs différents croquis et travaux d’écriture effectués lors de l’exposition (la courte histoire réalisée à partir d’une photographie de l’artiste qu’ils aimaient ainsi que le titre donné à celle-ci) et enfin l’histoire de leurs super-héros. De plus, leurs photographies mettant en scène cette dernière seraient exposées comme une bande dessinée. Les premiers jets de photos qu’ils avaient faits ne seraient pas mis de côté non plus : ils seraient soient exposés, soient insérés dans une enveloppe en guise de réponse à un petit jeu de devinette tel celui qu’ils avaient fait lors de la première séance.

Lors de leur temps de classe, il était donc prévu qu’il fignole leur projet en intégrant dans des carnets que nous leur avions fournis leurs différents travaux ainsi que leur récit préalablement tapé à l’ordinateur. Sur la première page, l’enseignante leur proposa ingénieusement de mettre une partie d’une photo de Pascal Mirande, qu’ils complèteraient ensuite à leur guise.

Tout était fin près pour le vernissage du 30 mai 2012. Toutefois cette dernière séance sonnait le glas de notre collaboration et nous ne purent nous empêcher de ressentir une certaine nostalgie. Enfin ! Il nous restait tout de même une dernière rencontre pour clôturer l’année : lorsqu’ils viendraient tous voir leur travail ainsi que ceux des autres classes de leur école…


Conclusion.

Divers objectifs étaient à l’œuvre dans ce projet d’arts visuels : non seulement permettre aux élèves d’acquérir un vocabulaire technique en photographie mais surtout allier production d’écrit et mise en scène de cette dernière par l’image. De plus, l’utilisation des tice a pu se joindre à ce travail notamment dans la confection des carnets. En prolongement, nous souhaitions montrer aux élèves de cycle 3 la technique de développement photo vu que l’IUFM a la chance de détenir deux chambres noires mais le temps a joué une nouvelle fois contre nous. Il faut se rendre à l’évidence, on ne peut pas tout faire ! Un petit livre aurait pu en revanche rassemblé tous les textes des élèves. Il aurait été intéressant également que ces derniers fabriquent eux-mêmes leur super-héros ou de les intégrer à la mise en place de l’exposition.

S’agissant de la mise en place des séances, nous avons pu concevoir et mettre en œuvre l’enseignement et ainsi nous entrainer quant à la gestion et la tenue de la classe. Nous pouvons ainsi retenir le fait que tout doit bien être prévu avant toute séquence, de la mise en groupe des élèves au matériel par exemple. Mais il est important aussi de savoir aller plus loin, de prévoir un au-delà afin de rebondir plus rapidement lorsque la séance est trop longue et commence à lasser les élèves, ce qui n’est pas du tout évident : il faut savoir laisser la place à la parole de chacun tout en ne laissant pas de côté ceux qui ont déjà participé. Le temps imparti pour chaque séance est aussi à prendre en considération : il est très souvent bien éloigné de ce que l’on prévoit ce qui présage une difficulté quant au fait d’aborder en classe toutes les notions à acquérir par les élèves en fin d’année scolaire eu égard au socle commun. Les projets mis en place en collaboration avec des partenaires extérieurs doivent donc être minutieusement choisis.

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