Souvent, la nuit tombée par Miroux Ludovic

Souvent, la nuit tombée

par Miroux Ludovic

   Souvent, la nuit tombée, je me promène loin de chez moi. Je laisse mes pas me guider et m’emmener au grand air. Montagnes et forêts, en cela, sont propices. Même petites, elles se font complices et s’ouvrent à mes douces rêveries.

N’y voyant pas plus loin que le bout de mon nez, mes pieds sont mes oreilles, et je me laisse bercer par les champignons saxophonistes; leur musique plaintive et agitée trouble l’ordre nocturne, et j’y vois un cygne. Il vole en rase motte tel un dératé. Plus haut un crayon perce le ciel étiolé.

Autour de moi tout s’envole en confusion; un pain trop cuit s’enfle en nuage et dans un coin perdu, le soleil s’éclipse. Trop fatigué de l’été, il cherche refuge sous les montagnes naines. Ainsi naît l’hiver, s’installe, perdure et réchauffe mon cœur d’enfant. A terre, très à terre, l’objet punaise, petit et vicieux, cherche mutinerie. Non content de ne pouvoir participer au joyeux foutoir onirique, il se glisse sous la plaque du four, dans le tiroir, celui de gauche et perce les feuilles de mes branches hivernantes.

Soudain le soleil se réveille en une fulgurante explosion accompagnée d’une fusée et de trois ou quatre avions, un crayon tombe et roule au pied de la table de nuit et l’odeur du pain, tout chaud, me ramène sous les couvertures de mon lit. Le rêve comme une bulle éclate et, à mes pieds, joue un jeune chat aux yeux d’agate et aux griffes acérées.

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