Pussy par Collignon-courtin Ethel

Pussy par Collignon-courtin Ethel

Je vous raconterai l’histoire de Pussy, un chat pas si ordinaire.
A l’heure où tous les chats sont gris, Pussy, lui, restait blanc, immaculément blanc. Imaginez alors les conséquences ! Ses tentatives répétées de chasser les souris, une fois la nuit tombée, demeuraient toutes vaines. Telle une étoile incandescente, il s’aventurait dans les rues, alertant sur son passage toutes les petites proies potentielles de sa venue. Quel échec !
Pendant les longues soirées d’hiver, où tous les chats se lovent sur un coussin velouté au coin de la cheminée, Pussy, lui, restait couché sur les dalles froides de l’entrée. Vous vous demandez pourquoi donc ? Quelle étrangeté ! Notre chat souffre d’une intolérance à la chaleur. Une exposition même furtive provoque en lui une manifestation allergique rare consistant en l’éclosion de pustules sur l’ensemble de son corps. Quel malheur !
Au moment des repas, où tout chat normalement constitué se précipite sur les jambes de sa maîtresse pour s’y frotter, Pussy lui s’y refusait. Il n’a besoin de personne, il reste à distance.
C’est ainsi qu’un après-midi d’automne, il décide de partir à l’aventure, vers de meilleurs cieux. Au détour d’une rue, il croise Aldebert le Boxer. C’est un fugueur qui a encore échappé à la vigilance de ses maîtres. Une de ses activités favorites est de courser les chats qu’il rencontre. Alors évidemment là, l’aubaine ! Il se met en position de sprint dans les starting block,  » à vos marques » … Il n’ira pas plus loin, Pussy lui réplique un feulement glacial qui le pétrifie sur place. « Pff même pas peur » et Pussy poursuit son chemin. Il fait beau et les oiseaux chantent dans le parc, mais à l’approche de notre matou-cachet d’aspirine, silence total, rien ne bouge. Pussy est las, désespéré et décide de se nicher sous un banc du parc. Son oreille est alors attirée par le son d’une musique entrainante qui provient d’un kiosque à l’orée du bois. Les Aristochats se mettent en place pour leur performance en plein air hebdomadaire. Pussy s’approche, étrangement attiré par le rythme ternaire bien rond que produit le big band. A sa surprise, ses congénères musiciens ne fuient pas, n’interrompent pas leur musique. Au contraire, ils l’accueillent avec un large sourire moustachu et lui proposent de souffler quelques notes dans une petite trompette. Pussy connait un peu la musique, enfin…sa musique c’était de faire grincer ses griffes sur les verres en crystal pour faire enrager sa maîtresse. Mais là, sur l’air de « Summertime », un miracle se produit. Son souffle se réchauffe au contact de l’instrument cuivré. Un frémissement parcourt son échine et son poil prend une teinte légèrement rousse. Il va passer avec ses nouveaux amis musiciens un puis des moments formidables.
Depuis cette rencontre, il n’est plus le même. D’accord, il est devenu un peu trop fier de lui. Mais quel plaisir de l’avoir à mes cotés, à ronronner, sa patte posée sur ma feuille alors que je termine le récit de cette histoire.

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